Bibliothèque
 
Livres grand public
Livres professionnels
Livres approche tissulaire
Mémoires
Téléchargements

 

Ostéopathie
 

Approche tissulaire
 

Formations
 

Formateur
 

Vidéothèque
 

Contact
 
 

        



♯ Bibliothèque - Mémoires










Alexane Bancal
Mémoire de fin d'étude, juin 2019
ISOSTEO Lyon
Tuteur de mémoire : Fanny BAILLY


Introduction

« Le plus grand sujet d’étude de l’homme, c’est l’homme. » [1, 120p], C’est à partir de ce précepte, qu’Andrew Taylor Still1, a donné naissance à son enfant, l’ostéopathie, le 22 juin 1874.
Il lègue à ses successeurs une définition de l’ostéopathie comme étant « la connaissance scientifique de l’anatomie et de la physiologie utilisée par une personne intelligente et habile, qui est capable de l’appliquer à l’homme malade […] » [2, 252p], Il considère que l’ostéopathie repose sur une connaissance théorique irréprochable, permettant la recherche de la cause de la maladie, du dysfonctionnement. Il insiste fortement sur l’aspect scientifique de cette dernière, pour asseoir sa légitimité face à la médecine. Il dit à ce sujet :

« Certains pensent que l’ostéopathie est un système de « massage », d’autres qu’il s’agit de "guérison par la foi”. Pour ma part je n’ai aucune "foi”, je désire seulement que le fondement soit la vérité. D’autres pensent qu’il s’agit d’une sorte de chamanisme magnétique. Elle est rien de tout cela ; elle est fondée sur des principes scientifiques. » [2, 252p].

L’ostéopathie est présentée comme une philosophie de type expérimentale, de laquelle ont découlé les grands principes que sont : l’interrelation réciproque structure-fonction, l’autorégulation, la globalité, la « vie est le mouvement» et la suprématie de l’artère.

A.T Still, laisse comme héritage à sa descendance une voie philosophique. À ce sujet, il dit à ses élèves que « c’est de la philosophie de l’ostéopathie dont l’homme a besoin. Par conséquent il est indispensable que vous connaissiez cette philosophie sinon, vous échouerez sévèrement et n’irez pas plus loin que le charlatanisme du "viser-rater”. » [1, 204p], Pour lui, la philosophie est une manière d’envisager la vie, concrète et surtout pragmatique [3], Une définition Stillienne de l’ostéopathie est essentielle pour tenter d’avoir une vision globale et profonde de cet art.
Sa préoccupation première était que l’ostéopathie soit reconnue, qu’une place lui soit concédée par le monde médical et qu’elle soit acceptée socialement. Pour ce faire, il en a défendu corps et âme ses fondements scientifiques.

Cela étant, à la lumière du contexte américain de l’époque, Dieu, serait à l’origine de cette naissance : « Dieu est le père de l’ostéopathie et je n’ai pas honte de l’enfant de sa pensée. » [2, 233p], Selon A.T Still, le corps humain est une machine parfaite, donc l’homme a forcément été façonné par la main divine.

Le philosophe qu’il incarne, s’est interrogé tout au long de son parcours sur : le sens de la Vie, la place de l’Homme dans le monde, la compréhension de l’Homme, le Vivant et la Nature, l’univers, la mort, Dieu, la religion, l’esprit, la matière et le mouvement… Toutes ses préoccupations ont également laissé leurs empreintes dans la philosophie de l’ostéopathie.
L’essence de cette pensée constitue l’identité de l’ostéopathie. Elle pourrait se résumer encore en une dualité entre la science, la matière, et, ce quelque chose d’impalpable, qui ne saurait être nommé, mais qui indéniablement résonne au plus profond de chaque être.

Quelle est cette chose ? Comment la nommer ? Est-ce de l’ordre de la métaphysique ? Bien qu’inexplicable et invisible, les scientifiques s’accordent de plus en plus à valider l’existence de cette « chose » souvent nommée spiritualité.

La spiritualité est communément associée aux notions de religion et de philosophie en raison de l’appropriation qui en a été faite au cours de l’histoire. En réalité, cette dernière est différenciable de ces deux aspects, bien que généralement en interaction. Comme l’explique Pierre Hadot :« Il n’est plus de très bon ton, aujourd’hui, d’employer le mot « spirituel ». Mais il faut bien se résigner à employer ce terme, parce que les autres adjectifs ou qualificatifs possibles : « psychique », « moral », « éthique »,« intellectuel », « de pensée », « de l’âme », ne recouvrent pas tous les aspects de la réalité que nous voulons décrire. » [4, 20p].

Par ailleurs, la spiritualité a dans l’imaginaire collectif une connotation ésotérique, mystique. Le Larousse donne pour définition : « qualité de ce qui est esprit, de ce est qui dégagé de toute matérialité. » [5, 96 lp]. En pratique, « on parle de spiritualité pour la partie de la vie psychique qui semble la plus élevée : c’est notre rapport fini à l’infini, notre rapport temporel à l’éternité, notre rapport relatif à l’absolu. » [6, 954p], Michel Foucault, la définit comme étant la recherche, la pratique, et l’expérience par lesquelles le sujet opère sur lui-même les transformations nécessaires pour avoir accès à la Vérité [7], En ce sens les philosophes anciens, parlent d’exercices spirituels pour que l’Homme puisse accéder à ces transformations [4], L’étymologie la rapproche du « souffle vital » ou de la force vitale [6], notion qui renvoie à la littérature ostéopathique. Le spirituel est donc ce qui s’oppose au matériel, au corporel, au charnel. C’est ce qui appartient à l’Esprit [7], Des traductions d’A.T Still, il faut différencier deux formes d’esprits. La première : L’organisateur (Mind) qui fait référence à l’intellect et à la raison ; il est matière. La deuxième : L’Esprit de vie (Spirit) qui est divin, spirituel, soit la part de l’Homme en connexion avec son créateur [8], A.T Still parle de créateur, de Dieu, d’autres parlent d’univers, de cosmos ou d’âme du monde. La terminologie diverge en fonction des cultures, des croyances ou des époques, mais la quête pour y accéder reste toujours présente.

Pourquoi A.T Still, le pragmatique, ne s’est-il pas détaché de cette dimension spirituelle ? Comment cette dernière a-t-elle évolué ? Et, quel en est l’intérêt pour l’ostéopathe et la prise en charge de patients ?

Pour tenter d’en comprendre les apports dans l’exercice de l’ostéopathie, il faut en premier lieu s’intéresser à l’étude de sa genèse, pour saisir ensuite la pratique actuelle en France. À la lumière de ses éléments, il sera plus aisé d’illustrer ce que peut apporter la dimension spirituelle au thérapeute ainsi que dans la prise en charge des patients.


1. Still AT, Gueullette J-M, Tricot P. Autobiographie du fondateur de l’ostéopathie. édition revue et corrigée. Vannes: Sully; 2017. 461 p. (120 p. 204 p. 166 p. 118 p.)
2. Still AT. Andrew Taylor Still - Le fondateur de l’ostéopathie : Autobiographie.. 3e édition. Vannes: Sully; 2008. 361 p. (252 p. 252 p. 233 p. 233 p. 215 p.)
3. Tricot P, Gaisnon L. Vie et Oeuvre d’A.T. Still, fondateur de l’ostéopathie.. Conférence présentée le 7 mars 2009 ; Société des Ostéopathes de L’Ouest. (35 p.)
4. Hadot P. Exercices spirituels et philosophie antique.. Paris: Albin Michel; 2002. 404 p. (20 p. 21 p.)
5. Le Petit Larousse illustré.. Paris: Larousse; 2010. 1811 p.
6. Comte-Sponville A. Dictionnaire philosophique.. 1 re éd. Paris: Presses Universitaires de France - PUF; 2013. (954 p.)
7. " Spiritualité, religion, philosophie " : Café Philo Sophia [Internet]. [cité 16 avr2019]. Disponible sur: https://www.cafephilosophia.fr/sujets/spiritualite-religion-philosophie/









Bruno Ducoux
DU Philosophie de l'ostéopathie - Sept 2019
Université Catholique de Lyon
Centre Interdisciplinaire d'Éthique
Tuteur de mémoire : Fabien Revol


1.1.1 Introduction

Devant les effets thérapeutiques de l’ostéopathie décrits par les patients eux-mêmes, il est légitime voire nécessaire, pour être crédible, de s’interroger sérieusement sur ce qui se passe quand l’ostéopathe est à l’œuvre avec le patient pour répondre à son désir de mieux- être. Nous définirons ce que, pour nous, ce temps dit thérapeutique englobe précisément tout en étudiant les enjeux qui s’y rattachent du côté des deux acteurs en présence que sont le patient et le thérapeute.

De l’expérience de praticien ostéopathe que je suis, émergent des évidences palpatoires qu’il est difficile de nommer. Ainsi en est-il des sensations que « ça » bouge sous nos mains et à distance dans le corps du patient, qu’une « pause » ou un « calme » précède la quiétude et la fin d’un traitement. Ce calme perçu n’est pas somnolence palpatoire mais dynamique perceptuelle, dévoilement d’une réalité sensorielle subjective permettant au patient d’aller mieux. De nombreuses intuitions et questions montent alors des mains vers l’esprit, défiant le cadre spatial et temporel habituel. Le chercheur de vérité en vient alors à se questionner sur la réalité de ces perceptions, « sur la nature de ces changements et de leurs propriétés qui ne sont pas seulement un cadre1. »

Depuis sa fondation en 1874, des pionniers ont éclairé le chemin de la recherche en ostéopathie. Le temps de la recherche participe « symboliquement » au temps thérapeutique car il permet au thérapeute de se renouveler, de progresser, d’enrichir ses concepts et de modifier sa façon d’aborder le patient. Il est donc proposé ici de continuer à élargir, élever et approfondir ce domaine dans un champ prometteur de la philosophie. En s’appuyant sur les réflexions issues de l’expérience, l’hypothèse d’une phénoménologie de la temporalité prend corps, révélant la fécondité de la relation thérapeutique. Dans cette interface semble s’ajouter à la direction linéaire du temps, un moment calme et favorable du présent ainsi qu’une ouverture vers une profondeur insondable. Aux trois dimensions de l’espace euclidien, « l’espace temporel » dévoile lui aussi trois directions, de ce sens mystérieux qu’est le temps. Elles apparaissent à la conscience du thérapeute à travers ses actes, au service de la Vie.

Au cours de ce travail, la recherche dans le champ de l’ostéopathie est, dans une première partie, inscrite dans le temps chronologique. Il est ensuite proposé d’élargir et d’approfondir ce champ en le rapportant au « seul » moment présent, à la découverte d’une dimension spirituelle. En deuxième partie, une démarche réflexive sur une expérience est décrite dans ce qu’elle a permis de générer en termes de distanciation, de détachement et de dynamique commune entre le thérapeute et le patient. Dans une troisième partie, une démarche phénoménologique est proposée, pour voir comment ces expériences apparaissent à notre conscience dans toutes les dimensions du temps. Ainsi, se dévoile, dans la quiétude dynamique, une forme de créativité qui peut se révéler chemin de libération.

REVOL F., d’après audio de cours sur le thème du temps à La Tourette, Juin 2018 dans le cadre du DU de Philosophie de l’ostéopathie.










Jean Fiore
ATSA Lyon décembre 2018
Tuteur de mémoire : Cyril Clouzeau


L’ostéopathie est aujourd’hui une actrice incontournable de la proposition de soins en Europe et en France tout particulièrement. Il n’en a pas toujours été ainsi et il n’y a pas besoin de regarder très loin en arrière pour se rappeler les moments où elle n’était pas légalement établie.

Si des millions de patients consultent chaque année en ostéopathie c’est du fait des résultats concrets de cette thérapeutique. Ce succès est le fruit d’un apprentissage rigoureux donnant accès à une grande variété d’outils de traitement et à une capacité d’écoute en adéquation avec la prétention holistique de l’ostéopathie. L’ostéopathie a vu le jour au Etats-Unis sous l’impulsion de Andrew Taylor Still (1828-1917).

L’interrelation entre la structure et la fonction, l’homéostasie, l’importance de la bonne circulation des fluides, l’unité de l’être humain sont les principes fondamentaux de la pratique mise en forme dans les ouvrages de Still comme principes mécaniques et philosophique de l’ostéopathie. A son époque Still a fondé l’ostéopathie pour proposer une offre de soins rationnelle en opposition à la médecine héroïque1 qui était le système de pensée médical le plus répandu.

On parle de médecine héroïque non pas pour désigner le courage des médecins qui la pratiquaient, mais du fait des souffrances qu’ils infligeaient aux patients. Aujourd’hui on assiste au phénomène inverse et le regard critique porté par la médecine sur l’ostéopathie est généralement orienté sur la question de l’efficacité et des risques que la pratique ostéopathique ferait courir aux patients. Il est compréhensible que l’engouement pour cette thérapie manuelle ait pressé l’État à définir un cadre légal pour la pratique et l’enseignement. Malgré cette reconnaissance au plus haut niveau, notre profession est encore en proie à une grande défiance de la part de la médecine allopathique. Il est donc impératif de proposer une évaluation rationnelle2 de notre pratique, de nos outils thérapeutiques et de notre principal outil d’investigation : la perception ostéopathique.

Il est intéressant de remarquer la grande diversité qui existe entre les ostéopathes, tant sur le mode perceptif que sur l’affinité pour certaines pratiques. Pour l’étudiant il est évident que chaque professeur a sa propre approche de la discipline ostéopathique. Cette approche est certes composée d’un ensemble de connaissances communes et basée sur les mêmes principes fondamentaux, mais force est de reconnaître que sa mise en application prend des nuances différentes pour chacun de nos formateurs. Comment pourrait-il en être autrement dès lors que notre principal outil d’investigation est éminemment subjectif ?

Dans Ostéopathie Recherche et pratique, Still écrit qu’ « il existe de nombreux moyens pour ajuster les os. Et lorsqu’un praticien n’utilise pas la même méthode qu’un autre, cela ne démontre aucunement de l’ignorance criminelle de la part de l’un ou de l’autre, mais simplement deux moyens différents pour obtenir le même résultat Chaque praticien devrait utiliser son jugement personnel et choisir sa propre méthode pour ajuster tous les os du corps. Le problème n’est pas d’imiter ce que font avec succès quelques praticiens, mais de ramener un os de l’anormal au normal. »3 Ce constat de la subjectivité perceptive est le point de départ de l’étonnement qui a présidé à la rédaction du présent mémoire. La question qui s’est imposée est la suivante :

Est-il possible de comprendre la perception ostéopathique de manière rationnelle ?

En effet bien que la perception soit une évidence pour celui qui perçoit (et encore cela est loin d’être toujours évident comme nous le verrons), il n’est pas possible de justifier un discours scientifique uniquement sur la base de l’expérience personnelle. « J’en suis sûr parce que je le sens » n’est pas une argumentation recevable rationnellement. Pour justifier sa place en tant que discipline médicale scientifique, l’ostéopathie doit fonder une épistémologie 4 qui lui soit propre et cela passe entre autre par l’étude de ses pratiques.

La recherche dont cet écrit rend compte s’est articulée en trois temps, j’ai choisi de respecter cette chronologie dans la rédaction.

Le premier temps a été consacré à la recherche d’une définition de la perception ostéopathique. Le prérequis est de définir la perception en général avant de vouloir rentrer dans la recherche de la spécificité de la perception en ostéopathie. La question de cette perception a été posée à des confrères et recueillie sous forme de témoignage pour voir si dans cette subjectivité il existe une singularité qui pourrait être représentative de notre profession. C’est ensuite les publications qui ont été interrogées. Au vu du caractère complexe du phénomène perceptif ostéopathique il est apparu utile de faire un point sur le rapport entre logique et complexité.

En effet il existe deux comportements logiques face à la complexité pour en rendre compte de manière scientifique. Le premier est le réductionnisme5 qui est le comportement le plus répandu aujourd’hui dans le monde scientifique. Le second est la pensée complexe6 telle que décrite par Edgar Morin7.

La seconde partie s’intéresse à l’analyse de la perception ostéopathique par une approche réductionniste. Il s’agit là de tenter de comprendre la perception ostéopathique en l’étudiant de manière segmentée, du déclenchement du capteur sensoriel jusqu’à son analyse en passant par son cheminement et son intégration.

Au vu de l’incapacité de cette approche réductionniste à rendre compte de l’originalité et de la singularité de la perception en ostéopathie nous proposerons en troisième partie une approche complexe (aussi appelée systémique). L’émergence permet d’apporter de la rationalité dans les tentatives de mieux comprendre les phénomènes complexes. L’énoncé d’Aristote « Le tout est plus que la somme des parties8 9 » résume le phénomène qu’est l’émergence.










David Lutt
Se retirer pour entrer en relation - Un paradoxe de l'ostéopathe fulcrum ?
DU de philosophie de l'ostéopathie
Tuteur de mémoire : Laurent DENIZEAU


L’idée de ce mémoire est partie d’un texte qui m’a d’abord frappé, puis accompagné tout au long de mon chemin d’ostéopathe. Dans ce texte, Jacques Andréva Duval relate son apprentissage et son expérience auprès de son maître, Rollin Becker.

Pour l’instant, un nouveau disciple était là, frais débarqué de Paris, comprenant mal le langage texan et sirotant timidement son café trop chaud ; et il voulait « travailler ». « OK, me dit Rollin. Pendant plus de trois semaines, vous allez donc venir avec moi dans mon Cabinet et vous traiterez tous mes patients. Mais dès demain matin, en approchant le premier patient, que pensez-vous qu’il vous faudra changer ? » Une fois de plus, j’étais pris au dépourvu. Je me lançai dans quelques prudentes considérations thérapeutiques où entraient la régulation des mouvements involontaires, le rééquilibrage des mécanismes primaires et la correction des forces adverses en présence. Mais il m’interrompit très vite. « Vous n’y êtes pas du tout. Vous n’aurez pas à changer quoi que ce soit dans l’état de mes patients : l’intelligence de leurs cellules et la puissance de leur physiologie s’en chargeront, si elles le veulent bien. Vous pourrez peut-être les y aider ; mais rien de plus. Non, ce qui est à changer, à transformer totalement, c’est vous et vous seul. Understand ? » [1]

Quel retournement de situation, quel paradoxe ! C’est le praticien qui doit se transformer, et non le patient. Qu’est-ce que Rollin Becker veut nous faire comprendre ? On abandonne le faire et on plonge dans l’être. On s’intéresse à soi et on se met au travail. Un travail sur soi ! Mon maître de massage thaï en Thaïlande me répétait déjà depuis longtemps « Pourquoi est-ce que vous faites du massage thaï ? Pour soigner ! Pour vous soigner vous-même ! » [2] Et voilà que les grands noms de l’ostéopathie s’y mettaient également. L’ostéopathie devenait d’un coup beaucoup plus captivante que lors de mes années d’études en école. Je me suis alors plongé dans les écrits de Becker pour y découvrir sa vision philosophique de l’ostéopathie. Citant principalement Andrew T. Still et William G. Sutherland, il nous parle notamment de Souffle de Vie, de Potentiel inhérent, d’immobilité dynamique et de Fulcrum. Mais ce qui était à l’époque nouveau pour moi, c’était l’idée de Fulcrum Spirituel.

Avant d’aller plus loin, revenons d’abord sur la notion de fulcrum. Défini comme étant un point d’appui ou encore un point pivot, le concept de fulcrum est très présent dans la philosophie et la pratique ostéopathiques. Mécaniquement on peut assez aisément comprendre ce concept. Le fulcrum est un point d’équilibre entre des forces en déplacement. « Par définition, il est immobile par rapport à ce qu’il centre et mobile par rapport à ce qui le centre. » [3] Lors d’un mouvement, en s’adaptant, il reste le point de référence pour l’expression du mouvement et, à la palpation, on reconnaît un fulcrum comme un point d’équilibre des tissus. Les exemples souvent cités pour décrire un fulcrum sont l’œil du cyclone ou le moyeu d’une roue. Puis cette notion de fulcrum a été étendue au domaine non matériel. Becker en est venu à parler de praticien fulcrum, comme d’un praticien autour duquel le patient peut se réorganiser en profitant du fait que le praticien revêt les propriétés d’un fulcrum : être un point d’appui immobile, suspendu et centré, autour duquel s’organise le mouvement et permettant un maximum de puissance et de capacité d’adaptation. Becker nous dit ainsi : « J’ai tout d’abord besoin de m’apaiser tranquillement de l’intérieur afin d’être prêt à recevoir des patients. » [4]

Et Adah Strand Sutherland, parlant de son mari, renchérit : Plusieurs fois par jour, il se mettait dans ce qu’il appelait un « moment de silence », temps de calme sans activité apparente. Il faisait cela avec la plus grande simplicité et le plus grand naturel. C’est à partir de ces oasis de contemplation que surgirent les raisonnements et les résultats les plus fructueux. […] Il aimait cette phrase : « Écouter le silence » et utilisait l’analogie du compositeur qui fait usage avisé des silences autant que des sons – les « silences communicatifs ». Deux aphorismes lui servaient à nourrir ses ressources intérieures : « Be still and know » [5] et « Closer is He than breathing » [6]. Lorsqu’arriva le moment d’enseigner, il s’y référa avec un naturel non affecté parce qu’ils faisaient partie intégrantes de sa philosophie et de sa vie quotidienne. Le Dr Sutherland ne suivait aucune voie connue, mais il en suivait une [7] !

Les pionniers de l’ostéopathie avaient, semble-t-il, déjà leur façon de rentrer en contact avec eux-mêmes pour trouver cet « œil du cyclone intérieur ». Mais comment devenir ce point de paix et de tranquillité ? Quand nous sommes pris dans le tourbillon de la vie, dans le tumulte de nos pensées ou dans la fatigue d’une fin de journée surchargée, qu’en est-il de la qualité de notre fulcrum de praticien et de notre présence ? Ne ressentons-nous pas dans ces moments de trop plein le légitime besoin de ralentir et de nous détacher, un instant ou plus, pour reprendre contact avec notre Être essentiel ? [8] Est-ce cette transformation à laquelle nous invite Rollin Becker ? Le détachement peut-il être une posture intérieure de l’ostéopathe qui va à la fois développer son fulcrum de praticien et améliorer la qualité de la relation à son patient ?

Nous nous attacherons dans un premier temps à réfléchir sur les concepts de praticien fulcrum et de Partenaire Silencieux, en nous interrogeant notamment sur l’importance du savoir être en ostéopathie. Comment se mettre au travail si la seule chose à transformer totalement, c’est nous et nous seuls ? Notre proposition est alors la suivante : le retrait (dans le sens de repli sur soi, détachement, mise en recul) peut-il être une posture adéquate pour se mettre au travail sur soi et bonifier la relation thérapeutique ?

Dans un deuxième temps, nous détaillerons les différentes étapes du détachement telles qu’envisagées par la pensée de Maître Eckhart. Dans un contexte de recherche de Dieu, nous verrons à quel point ce détachement est mise au travail sur soi mais ne constitue en rien une fuite du monde ou une forme d’indifférence de ce qui se joue à l’extérieur. Enfin, nous montrerons en quoi le retrait oblige à la relation, à être un acteur du monde et comment praticien et patient y ont un intérêt commun. La notion d’espace entre, voie de dépassement et lieu éthique, sera aussi au centre de notre réflexion.










Cyprien LARCANCHÉ
Empathie et ostéopathie
Institut Supérieur d'Ostéopathie, Lognes - juin 2017
Tuteur de mémoire : Jean-Marie Benmussa DO


Le sujet de ce mémoire est né des discussions et avis entendus au cours de l’apprentissage de l’ostéopathie au sein de l’Institut Supérieur d’Ostéopathie.

En ostéopathie, nous sommes amenés à effectuer une prise en charge globale, durant des séances d’environ 45 minutes. Durant 45 minutes le patient devra nous parler de lui et des grands évènements traumatiques de sa vie, qu’ils soient physiques ou psychiques. Passer à côté de l’information d’un accident de voiture ayant engagé le pronostic vital du patient, ou encore la perte brusque d’un proche dans des circonstances traumatisantes, peut constituer un manque crucial dans l’élaboration du traitement ostéopathique privant le thérapeute d’un élément essentiel à la compréhension du patient.

Durant ces 45 minutes, l’ostéopathe, par cette nécessité de compréhension, et par le toucher qui constitue l’outil thérapeutique de l’ostéopathe, rentrera dans une certaine mesure dans la sphère de l’intimité du patient.

Ce rapport à l’intimité de l’autre, fait de l’ostéopathie une profession où la communication, où le rapport à l’autre revêt une très grande importance. Cependant, ce rapport à l’autre, ne peut faire l’objet d’une objectivation : les rapports humains, et qui plus est dans le domaine de l’intime, relevant plus du subjectif et de l’intuitif que de l’objectif et du rationnel, la question du rapport à l’autre et de la gestion de cette intimité sont le plus souvent laissés à la discrétion des étudiants, qui apprendront d’eux mêmes comment gérer la relation avec leurs patients.

Les conseils du corps enseignant, et quelques cours sur la relation patient-thérapeute donnent cependant quelques termes permettant de concevoir et d’envisager une certaine posture dans cette relation : « neutralité bienveillante », « distance thérapeutique ou professionnelle », « rôle du thérapeute et rôle du patient ». Ces termes présentent l’avantage de fournir une indication quant à la posture à adopter... Mais ne permettent pas nécessairement de comprendre les mécanismes en œuvre dans cette relation.

Nous allons donc à travers ce mémoire, approfondir la question du rapport à l’autre dans l’ostéopathie. Approfondir la question et non pas y répondre. Le but de ce travail étant de fournir à l’étudiant ostéopathe, ainsi qu’à l’ostéopathe, certains outils de compréhension du fonctionnement de l’autre, de la façon dont nous percevons l’autre, et de la manière dont cela s’opère lors de la consultation ostéopathique.

Pour ce faire, nous chercherons à comprendre une notion importante, utilisée par chacun, dont le nom est connu de tous mais où paradoxalement la définition et la compréhension varient selon les individus : l’empathie. L’empathie, ce mécanisme par lequel nous percevons, comprenons et parfois touchons l’autre.

Dans un premier temps nous développerons la notion d’empathie afin de mieux la concevoir, puis nous étudierons le fonctionnement de cette empathie afin d’en comprendre les mécanismes, puis nous l’appliquerons à l’ostéopathie.










Monique Thinat
DU Philosophie de l'ostéopathie - Sept 2016
Université Catholique de Lyon

Centre Interdisciplinaire d'Éthique


Ostéopathie et mots du corps, exploration d'une alliance
Tuteurs de mémoire : Artur JUVANON et Yan PLANTIER

L’accueil du cri du corps exprimé par le patient, à travers ses symptômes, ouvre un chemin où le travail ostéopathique et les mots du corps, ensemble, peuvent conduire à une expérience de libération dans les tissus, dans la personne et à une expérience du sens.

Quelles sont les articulations et l’itinéraire de cette expérience particulière ?
Nous découvrirons d’abord comment les patients vivent la proposition des mots du corps en lien avec l’ostéopathie tissulaire, puis la double écoute et le double entendre que cela met en jeu de part et d’autre, patient et praticien, enfin la libération possible après le retour vers le ressenti et l’épreuve du dire.
Cette expérience posera ensuite la question de la place et du sens des mots du corps en ostéopathie avec différents points de vue qui ouvriront vers un espace possible d’alliance.
L’exploration de l’alliance commencera par ses définitions et ce que la philosophie en éclaire.
Nous observerons ensuite les alliances créées par cet « ensemble » : travail ostéopathique et mots du corps.

Quelles sont-elles pour le patient avec lui -même, pour le patient et l’ostéopathe et pour l’ostéopathe avec lui-même ?
Nous verrons alors quelles alliances, la parole et le corps en ostéopathie peuvent construire, avec leurs intentions communes de communication avec le vivant et de conscience éveillée.










Liza BARBASTE
Mise en place d'une routine d'exercices
dans l'optique d'améliorer
la palpation, la perception et la pratique des étudiants en ostéopathie


Mise en place d'une routine d'exercices dans l'optique d'améliorer
la palpation, la perception et la pratique des étudiants en ostéopathie
Tuteur de mémoire : Bruno Ducoux

Le toucher est un sens qui a tendance à être délaissé dans notre civilisation occidentale, notamment pour ses connotations sensuelles.
Pourtant le sens du toucher est le premier sens à apparaître chez l'embryon, dès la huitième semaine de vie intra-utérine.
C'est la pression exercée par le liquide amniotique sur la peau qui constitue le premier ressenti tactile du fœtus.
La peau représente l'organe des sens le plus étendu du corps humain.

L'anthropologue et humaniste Ashley Montagu cite cette définition tirée du Dictionnaire de la langue russe : « En réalité, les cinq sens peuvent se réduire à un seul : le toucher. La langue et le palais sentent la nourriture ; l’oreille perçoit les ondes sonores ; le nez, les émanations ; les yeux, les rayons lumineux »

L'ostéopathie fait partie des professions qui tendent à redonner à ce sens une place dans notre société.
Le toucher est primordial pour l'ostéopathe car il constitue son unique outil de travail.
L'une des particularités de l'ostéopathie est qu'elle nécessite, en plus du savoir théorique, l'acquisition d'un savoir pratique expérimental qui a pour but d'amener l'étudiant à un certain niveau de palpation.

Or, malgré une formation pratique rigoureuse faite de training, de démonstrations expliquées et comprenant même des corrections individuelles, certaines questions n'ont cessé de m'obséder en ce qui concerne la palpation et la perception des mobilités et micro-mobilités que l'on nous demande d'appréhender durant notre formation :

• Comment expliquer l'irrégularité du ressenti palpatoire malgré une reproduction identique de la technique montrée par un professeur? Autrement dit,comment se fait-il que certains jours nous «sentons» et d'autres pas?

• Pourquoi percevons-nous, par moment, un autre mouvement que celui qui est recherché?
• Comment se fait-il que le niveau de palpation soit inégal entre des étudiants ayant une même formation?
• Pourquoi sentons nous plus facilement quand nous sommes détendus?
• Nos émotions peuvent-elles influencer notre palpation?
• Comment expliquer, qu'après certaines consultations, nous nous sentions épuisés? une interaction entre patients et praticien est-elle possible via la palpation?

En prenant en compte toutes ces questions nous pouvons nous dire qu'il doit exister des éléments objectifs et subjectifs qui doivent moduler la palpation et que cette palpation doit pouvoir être travaillée et améliorée.

J'en ai déduis que je devais mal connaître mon outil de travail et que pour maîtriser l'art de la palpation, il fallait sûrement apprendre son fonctionnement et comprendre quels éléments pouvaient la moduler.
C'est ainsi que j'ai commencé mes recherches en prenant le problème à l'envers : comme je ne sais pas ce qui module la palpation je vais chercher comment certains arrivent à l'enseigner.
C'est en lisant le mémoire de Monsieur Eric Bourrier intitulé «Etude comparée du ressenti palpatoire de l'ostéopathe à partir d'un appareil d'oscillations périodiques reproduisant une mobilité micrométrique,un rythme,une impulsion.» que j'ai su que j'étais sur la bonne voie.

Voici une partie de sa conclusion : « Ainsi l'amélioration de la performance palpatoire os- téopathique passerait par l'élaboration d'un programme pédagogique spécifique avec des exercices d'entrainement à la perception de la micromobilité...».

Merci M.Bourrier pour votre travail, vous m'avez inspiré ma problématique :« Est-il possible à l'aide d'une routine d'exercices visant à potentialiser la palpation et la perception d'avoir une incidence positive sur la pratique ostéopathique ? ».

Malheureusement je me suis rapidement rendue compte que je n'avais ni les connaissances ni l'expérience nécessaires pour trouver ces fameux exercices que les ostéopathes apprennent en séminaire ou qu'ils se transmettent de bouche à oreille. Je me suis donc renseignée sur les ostéopathes qui ont écrit sur le sujet et qui ont duû se poser les mêmes questions que moi. C'est ce qui m'a amené à rencontrer mon maître de mémoire, Monsieur Bruno Ducoux, qui a accepté de m'accompagner dans cette aventure en m'incitant, tout d'abord, à la vivre.

Finalement, à force de lectures, de correspondances avec mes futurs confrères ostéopathes et d'expérimentations personnelles, nous avons réussi à mettre en place une routine d'exercices dont le but serait d'améliorer la palpation des étudiants, de leurs permettre de sentir de manière plus régulière et plus précise les différents mouvements présents au sein d'un être vivant.

Afin de répondre à la problématique, nous définirons le sens du toucher en incluant des rappels anatomo-physiologiques puis nous présenterons différents éléments pouvant moduler la palpation.
Nous détaillerons le protocole expérimental ainsi que la routine d'exercices.

Enfin les résultats statistiques seront exposés, analysés et nous discuterons des différentes observations qui en découlent.

L'intérêt de ce travail pourrait être d'inclure dans notre cursus de formation ostéopathique quelques exercices quotidiens afin de mettre à la disposition des étudiants un outil pédagogique supplémentaire leur permettant de progresser individuellement dans leur palpation.










François Bel
DU Philosophie de l'ostéopathie - Sept 2016
Université Catholique de Lyon
Centre Interdisciplinaire d'Éthique


Initiation à la perception subtile par l’expérience partagée
Tuteur de mémoire : Jean-Marie Gueulette

Introduction

Il y a peu de temps, à la fin d'une séance, une patiente dit avoir ressenti de multiples relâchements subtils et variés. Elle me demande : « Mais comment faites-vous pour enseigner cela à vos étudiants? Ce genre de toucher peut-il s'enseigner d'ailleurs? Comment faites-vous dans vos cours? Vous donnez des consignes verbales et les étudiants pratiquent seuls ? Comment faites-vous ? » Je lui réponds que c'est effectivement un défi d'enseigner cela, et que la meilleure façon de procéder c'est de tenter de le faire vivre aux étudiants en les accompagnant dans leur palpation, c'est-à-dire en touchant le patient avec eux, plutôt que d'expliquer longuement, même si c'est tout de même important de donner des consignes verbales.

Peut-être est-ce par mes origines familiales, où l'on est soignant (médecin, sage- femme, kinésithérapeute,) ou bien enseignant, mais l'idée de transmettre de façon la plus précise l'art de soigner a toujours été une de mes préoccupations. Quand j'ai rencontré l'ostéopathie, il y a plus de 30 ans, j'ai tout de suite été impressionné et émerveillé par les sensations subtiles, hors du commun, que nous pouvions rencontrer par le toucher. Que d'émotions le premier jour où j'ai senti un crâne bouger, ou quand j'ai éprouvé qu'il fallait seulement être là, poser ses mains, pour sentir les tissus se dérouler et s'harmoniser eux- mêmes ! Cela a été possible, grâce à l'apport pédagogique d'enseignants géniaux, comme Franck Gilly par exemple, qui, posant ses mains sur les miennes m'a guidé et m'a fait vivre l'expérience du ressenti de sensations subtiles ostéopathiques hors du commun, je n'ai jamais oublié ces instants primordiaux sur mon chemin d'apprentissage de l'ostéopathie.

Enseignant depuis plus de 20 ans, je suis particulièrement attaché à vouloir transmettre les concepts ostéopathiques et à faire ressentir aux étudiants la réalité de ceux- ci lorsqu'ils touchent un patient. Mais comment s'y prendre, pour faire percevoir à un étudiant que le concept de vitalité et d'homéostasie qui sous-tend l'efficacité thérapeutique de l'ostéopathie, est bien une réalité palpable ? Comment donc initier l'étudiant à percevoir les sensations subtiles qu'un ostéopathe expérimenté vit quotidiennement ? Cela dépasse les mots, car l'on peut bien tenter d'expliquer et d'enseigner ce qu'il faut sentir, tant que l'étudiant n'aura pas vécu cela, n'en aura pas fait l'expérience, cela restera un concept sans application réelle. Alors que, quand celui-ci en a fait l'expérience, à partir de sa subjectivité palpatoire, un nouveau monde de réalité s'ouvre à lui.

Pour lui faire vivre cela, de multiples modes d'apprentissage sont possibles, mais celui de l'accompagnement de proximité d'un enseignant qui pose ses mains sur celles de l'étudiant pendant que celui-ci touche le patient est une expérience partagée qui fait souvent date dans le processus d'apprentissage des perceptions subtiles.

Comme le dit Emeline, étudiante en première année « avant d'avoir fait cette expérience avec vous je pensais comprendre l'ostéopathie, mais, depuis, je peux dire que j'ai appris à vivre l'ostéopathie, et c'est fondamental ! » Il m'arrive donc fréquemment, aujourd'hui dans mon enseignement (essentiellement des techniques sur les fascias, techniques tissulaires et des techniques crâniennes ostéopathiques) de faire vivre aux étudiants cette expérience partagée. Cela conduit souvent à un changement radical de l'étudiant qui, à partir de cet instant, bascule dans une nouvelle réalité.

« Des connaissances plutôt que de l'information1. », ainsi enseigne souvent le fondateur de l'ostéopathie crânienne, William Garner Sutherland, affirmant l'importance de l'expérience vécue pour favoriser l'apprentissage - connaître (co-naitre I). Il s'agit alors d'atteindre l'intérieur d'un savoir afin d'en être touché et de l'intégrer comme une réalité nouvelle.
La question qui se pose dans cette étude est donc : Comment l'expérience partagée entre un enseignant-ostéopathe et un étudiant peut-elle initier ce dernier aux perceptions subtiles de l'ostéopathie ? Notre travail, se basera sur des témoignages d'étudiants et d'enseignants2, et sur une analyse philosophique et anthropologique pour comprendre ce qui se joue à cet instant. Pour cela nous avons contacté environ une centaine d'étudiant et de jeunes ostéopathes par E-mail. Une vingtaine a répondu à un questionnaire. Une cinquantaine d'enseignants a été contacté, une dizaine a répondu. Partant de ces réponses, plusieurs questions se posent : Est-ce un rite qui se met en place ? Est-ce une initiation ? Est- ce indispensable comme outil pédagogique pour faire accéder à ces sensations subtiles ?

Nous distinguerons trois parties : la première présentera le contexte de notre étude, la seconde abordera le sujet sous l'angle de l'expérience partagée et la troisième sous celui des rites et de l'initiation. Afin de clarifier notre pensée, chaque partie débutera par une réflexion philosophique ou anthropologique pour éclaircir notre questionnement, puis, nous tenterons de rapprocher cela de notre sujet ostéopathique.

Ainsi, nous tenterons de comprendre pourquoi Anne, étudiante en cinquième année, au mois de mai 2016, lors du dernier cours de crânien exprime avec force et conviction « Mais Monsieur, à partir du moment où vous avez posé vos mains sur les miennes, j'ai compris ce que c'était le crânien et je pense que cette pratique à deux devrait être obligatoire pour tous les étudiants ! »










Porzia PONTRANDOLFI
CETOHM Lognes (France) Juin 2000


Corps, mémoire et ostéopathie :
Peut-on considérer la lésion ostéopathique comme une forme de mémoire du corps ?
Tuteur de mémoire : Francis Peyralade

Introduction


Régulièrement au cours de traitements ostéopathiques, nous avons eu la surprise de voir apparaître, au fur et à mesure que les lésions ostéopathiques étaient corrigées, des pans de l’histoire des patients ; que ce soit sous la forme de souvenirs conscients ou de nouveaux motifs de consultation (douleurs, gênes) dus à de nouvelles lésions ostéopathiques, elles-mêmes liées à des traumatismes antérieurs... C’était comme si nous remontions le fil du temps, même si cela n’était pas le but que nous recherchions.

Le corps serait donc capable de mémoriser notre histoire. Comment procède-t-il ? En quoi le fait de libérer des lésions ostéopathiques contribue-t- il à retrouver des événements anciens ?
Ce questionnement nous est apparu comme un sujet de mémoire. Déjà, en psychomotricité, pendant les cures de relaxation, nous avions noté que les symptômes corporels ressentis par les personnes, étaient le plus souvent liés à des émotions, à des événements marquants de leur vie.

Ce mémoire est donc axé autour de deux interrogations :

1. Les lésions ostéopathiques peuvent-elles être considérées comme une mise en mémoire de l’histoire de l’individu ?

• Quels en seraient les mécanismes ?
• Dans quelle mesure le corps serait impliqué ? Comment le corps intègre et mémorise les informations qu’il reçoit ? Comment les exprime-t-il ? Comment les partage-t-il ?
• Pourrait-on alors parler à juste titre de « mémoire du corps » ?
En effet, même si ce terme paraît évident, familier dans la mesure où il est fréquemment utilisé aussi bien en ostéopathie que dans d’autres disciplines, nous ne connaissons pas réellement son mode de fonctionnement.

2. Comment envisager, dans ce cas, le traitement ostéopathique ?
• Au niveau local, consisterait-il à " effacer ” la lésion, dans la mesure où nous parvenons à rendre leur mobilité aux tissus, aux parties du corps en lésion ?
• Au niveau général, consisterait-il à rétablir la communication entre ces parties et le reste du corps, en les réintégrant dans la globalité, l’unité ?
Il ne s’agit pas d’une réflexion sur la mémoire cognitive, sens que l’on attribue en première intention au terme "mémoire”. Un travail sur ce thème a déjà été réalisé par Roger-Bernard Vernouillet, en 1992.
Pour répondre à nos questions, nous avons pris le parti de ne pas réaliser un travail clinique qui pourrait constituer, à lui seul, la base d’un mémoire. Nous avons préféré effectuer un travail de recherche bibliographique dans le domaine ostéopathique, mais aussi philosophique, scientifique, médical, psychologique. En effet, nous considérons ce travail bibliographique comme un "passage obligé” avant toute recherche pratique ou clinique.
Dans une première partie, nous rappellerons les principes fondateurs énoncés par Still ainsi que son explication des mécanismes de la lésion ostéopathique. Puis nous verrons comment ses successeurs ont approfondi ces bases sans jamais les remettre en question.
Ce rappel nous permettra de voir comment les ostéopathes définissent, au fur et à mesure, ces mécanismes et en quoi ces différents points de vue contribuent à la mise en place de leur traitement.
Nous considérerons que notre traitement dépend aussi de la conception que nous avons du corps. Avons-nous entre les mains "un corps à redresser” ou " un élément constitutif de la personne” ?
Pour resituer les principes de base de l’ostéopathie dans leur contexte historique et ainsi relativiser nos positions (théoriques, philosophiques), il nous semble important :
• de définir le mot « corps » ;
• d’avoir une vision historique de la notion de corps et de maladie qui ont fortement évolué au cours du temps. Nous reprendrons cette évolution à travers l’Histoire et l’histoire de la médecine.
Volontairement, nous nous restreindrons à l’histoire de la médecine en Occident car c’est elle qui est en lien direct avec l’ostéopathie.

Dans une troisième partie, nous présenterons la mémoire.
Puisqu’elle est l’objet d’étude privilégié des neurosciences et de la psychologie cognitive, il nous a semblé nécessaire de nous appuyer sur leurs conclusions pour poursuivre notre réflexion sur les mécanismes de la lésion ostéopathique. Nous montrerons:
• comment ces disciplines définissent la mémoire,
• uels sont ses mécanismes au niveau psychologique, neurologique et biochimique,
• s’il existe un support anatomique qui permette d’expliquer ces phénomènes.
Toutes ces données nous permettront de déduire l’existence de liens entre la mémoire et le corps.
Sachant que la psychanalyse, la psychologie humaniste et les thérapies corporelles ont abordé le sujet de la mémoire du corps, nous verrons dans une quatrième partie, comment elles peuvent nous aider à établir d’autres liens.
En conclusion, nous nous appuierons sur toutes ces réflexions pour :
• <établir l’existence de la mémoire du corps, mais surtout comprendre son fonctionnement,
• confirmer les diverses hypothèses données par les ostéopathes sur les mécanismes de la lésion ostéopathique,
• tenter de définir les modalités du traitement ostéopathique









Pierre-Yves CATAPHARD
Montréal, mai 2015


Portrait phénoménologique de l'ostéopathie

Questions préliminaires de recherche
(l’origine du questionnement)
Qu’est-ce que la perception en ostéopathie ? et plus spécifiquement :
Quelle compréhension philosophique possèdent les ostéopathes du phénomène de perception ?
Question de recherche
(en incluant les balises de l’étude)
Quelle compréhension philosophique possédait Still du phénomène de perception ?
Sous-question de recherche
(issues du contexte général)
Quelles sont les croyances ontologiques véhiculées par Still dans sa philosophie ostéopathique? et plus spécifiquement
Dans quelle mesure et de quelle manière la philosophie ostéopathique de Still s’apparente-t- elle aux attitudes ontologiques réaliste, idéaliste et phénoménologique ?

Résumé
Les ostéopathes, lors de l’examen clinique, utilisent leurs sens plus que toutes autres choses pour déterminer la cause des maladies et des dysfonctions du patient. Bien qu’il soit impossible de nier que leurs perceptions (celles qu’ils ont du patient) nichent donc au cœur de chacune de leurs décisions cliniques, peu d’entre eux semblent s’être directement intéressés au phénomène perceptuel. Les chercheurs y ont vu une sérieuse lacune, risquant même de limiter la compréhension philosophique de l’ostéopathie qu’en possède la communauté, et ont donc choisi de l’étudier. C’est par une analyse herméneutique de ce que signifie percevoir pour Andrew Taylor Still (le père et penseur de la philosophie ostéopathique), rendue possible grâce à l’identification des croyances ontologiques de ce dernier, que s’est tenue ladite enquête.

En ne cachant pas qu’une interprétation différente des résultats demeure possible, c’est finalement à l’ontologie phénoménologique que les auteurs ont jugé le plus légitime d’associer celle de Still. La phénoménologie place le phénomène perceptuel au cœur de la nature des choses. Plutôt que d’associer la réalité à l’objet (comme dans le réaliste) ou au sujet (comme dans l’idéaliste) on l’associe ici plutôt à la seule chose qui soit fondamentalement donnée : le phénomène (i.e. le rapport entre l’objet et le sujet). L’objet perçu est objet parce qu’il est appréhendé par un sujet. Le sujet qui perçoit est sujet parce qu’il appréhende un objet. Leur interdépendance, dans ce contexte, est indéniable; et leur rencontre, parce que rien à l’extérieur de celle-ci n’est atteignable, forge toutes existences.

La conclusion qui fait de l’ontologie de Still une idéologie phénoménologique, le lecteur l’aura sans doute deviné, est lourde d’implications. La phénoménologie, en évitant la réduction des concepts d’objet et de sujet, endosse un paradigme de la perception qui fait de la réalité une entité à la fois objective et subjective. En réintégrant ainsi la part subjective de la réalité au modèle généralement objectif que préconisent les sciences naturelles, l’ostéopathie accepte l’importance de la contribution des sciences humaines à son modèle et réaffirme l’écart de pensée qui la distingue de l’entreprise médico-scientifique moderne.

En plus d’au niveau scientifique, cette volte-face philosophique se fait aussi entre autres sentir au niveau théorique (par un approfondissement de la compréhension de ce que signifie la rencontre thérapeute/patient, et par une acceptation de l’idéo-diversité en ostéopathie), au niveau clinique (par une redéfinition de certains concepts cliniques primordiaux comme ceux de lésion ostéopathique et de santé; et par l’importance de porter attention au sujet pour connaître et comprendre l’objet), et au niveau académique (par la reconnaissance de l’importance d’encourager, en plus des connaissances objectives, la créativité artistique des étudiants).

L’interprétation phénoménologique, en réunifiant les facettes objective et subjective de la perception, est peut-être celle qui nous permettra de réellement comprendre ce qui fait de l’ostéopathie à la fois un art et une science.










Anne-Catherine FROTON
ATSA novembre 2015


Résumé
Au travers de la philosophie et des concepts fondamentaux de l’ostéopathie selon son créateur Andrew Taylor Still et son élève William Garner Sutherland, ce mémoire présente d’une part une exploration de certaines recherches scientifiques concernant les fascias et plus précisément le rôle des molécules d’eau dans les échanges tissulaires.
Cela permettant d’éclairer sur les impacts cellulaires, biochimiques et électromagnétiques du geste thérapeutique manuel dans l’approche tissulaire et expliquer leurs effets sur la santé et la vie d’un individu.
Les résultats permettent de mieux comprendre les impacts du geste manuel sur la globalité corporelle du patient, ainsi que sur la transmission des informations mécaniques, biochimiques et électromagnétiques.
Par ailleurs, suite à ces découvertes, une explication pratique met en avant l’influence du thérapeute dans la relation soignant-soigné, par l’importance de la palpation, par les états manifestés dans le dialogue tissulaire et les conseils et attitudes à adopter pour améliorer son toucher, sa présence et son ressenti.
Ce sujet est abordé sur la base d’une expérience personnelle en tant que thérapeute, de lectures d’ouvrages de thérapeutes reconnus, d’articles scientifiques, de cours et de documents, d’échanges entre thérapeutes et de recherche de sensations tissulaires nouvelles en qualité d’ostéopathe.










Ivan Munoz-Letelier
ISO Paris-Est Juin 2012


Remerciements

Je voudrais, avant tout, remercier ma grand-mère, Mamita Blanca pour m’avoir guidé sur cette voie. Merci à ma famille de m’avoir soutenu tout au long de ces études et de ce mémoire. Je remercie ma mère, Clara, pour être toujours présente, à mon père, Francisco, pour me pousser à accomplir mes rêves; à mes petites sœurs Eloïsa et Bellinda et à mon frère Christian, à mon beau père, Bernard, pour m’avoir orienté vers l’intention, pour m’avoir guidé et aidé à organiser mes idées, à Yannick, pour son aide, à Ludovic pour son intérêt, à Anne Dominique Clermont pour m’avoir tendu la main et soutenu.

Je remercie Amélie pour m’avoir soutenu pendant ces années et toujours cru en moi. Un grand Merci à mes amis, Paul pour ces heures passées à mes côtés, lors des traductions,

Laure, Matthieu, Sami, Grégoire, Ken, Edith, Igor, Rémy, Sophie, Christelle, Fabiano, pour avoir été présents au bon moment, pour votre soutient et vos cœurs chaleureux, pour me donner du courage pendant ces années.

L’homme et son environnement

« Le corps de l’homme est son outil pour se mouvoir sur terre. C’est un mécanisme autonome, doté d’un état d’homéostasie qui stabilise son environnement interne afin de préserver la santé et de faire face aux situations de maladie, de traumatisme et de stress. H est entouré par un environnement externe duquel il reçoit les éléments de base nécessaire pour le garder en vie, tel que l’air, l’eau, la nourriture, etc. il est en échange constant avec son environnement externe physiquement, mentalement et émotionnellement. Cet environnement externe s’étend de ses alentours immédiats jusqu’aux entendues plus lointaine de l’univers. »

Introduction

Lors du symposium international d’ostéopathie à Florence (Italie) en 2011, Mokhov2 démontrait qu’il existe une synchronicité entre patient et praticien. Selon ces recherches faites en Russie, le corps du patient et du praticien communiquent en partie par le toucher, et permettent de synchroniser le rythme cardiaque, et les fréquences cérébrales. Cependant, il n’existe pas à ce jour, en ostéopathie, de travaux ayant étudiés les mécanismes cérébraux en tant qu’état de conscience chez le praticien. C’est ce que nous proposons de faire dans cette étude.

Discuter des rapports entre ostéopathie crânienne à visée fluidique 3et état modifié de conscience4, comme nous nous proposons de faire ici, nécessite une définition sommaire de ces expressions.

Selon le concept ostéopathique, il existe un mouvement liquidien et fluctuant que le praticien ressent au sein des tissus du patient et qui permet de poser un diagnostic ostéopathique et d’effectuer un traitement. Lors de techniques fluidiques ou liquidiennes, le praticien pose les mains sur le crâne du patient qui est en décubitus. L’appui est très léger5. Par cette approche, le praticien est à l’écoute des mouvements fluctuants du Liquide Cérébro-spinal (LCS) qui se répercute, toujours selon ce même concept, sur les membranes de tensions réciproques (faux du cerveau, tente du cervelet, faux du cervelet, qui sont des structures composées par la Dure Mère). Selon Sutherland6, il existe une interrelation dynamique entre le LCS et les fonctions physiologiques de toutes les cellules du corps humain, en particularité celles du système nerveux. Par cette approche, l’ostéopathe est à même d’évaluer la vitalité globale du patient. Néanmoins, cette « écoute » semble requérir un apprentissage long et consciencieux du ressenti palpatoire. C’est par la patience que le praticien arriverait, avec le temps, à percevoir des mouvements d’une grande finesse.3,7,8

Afin de clarifier ce sujet, nous pouvons simplement dire que la nécessité chez l’ostéopathe est d’éduquer son ressenti palpatoire, spécifiquement lors de l’écoute crânienne. La question est de savoir si l’état de conscience peut être un facteur intervenant dans l’écoute palpatoire.

Il existe plusieurs courants de pensées qui définissent la conscience7,9,10,11,12,13 ainsi que l’état de conscience modifiée.11,14,15,16 Le mot conscience vient de « cumscientia » qui signifie « accompagné de savoir ».17 Être conscient, c’est agir, sentir, ou penser, et savoir qu’on agit, sent, ou pense.

Le champ de la conscience est celui de l'activité cérébrale, dirigé par l'attention qui détermine son contenu et sa plus ou moins grande ouverture, auquel se limite la conscience à un instant donné. La conscience est analysée par les ondes du cortex cérébral. En fonction de l’état dans lequel nous nous trouvons, l’activité électrique de notre cerveau change de fréquences. 16,19’ 20 Ces états ont été répertoriés à l’aide d’électroencéphalogrammes (EEG). Selon les fréquences, les ondes sont nommées Alpha, Bêta, Thêta, Delta et Gamma. Elles correspondent à différents niveaux de la conscience humaine. Bêta est l’état de veille consciente ordinaire. Alpha, Thêta, Delta et Gamma correspondent, elles, aux états modifiés de conscience. Ces notions seront approfondies au cours de cette étude.










Sophie Loussouarn
Naissance et évolution du concept biodynamique, d’A.T. Still à nos jours
Pantin, juin 2014


Introduction

joursTout ostéopathe qui se respecte connaît le modèle biomécaniste de l’ostéopathie avec le traitement de la mobilité articulaire et tissulaire. 1 Mais connaissez-vous ce modèle énergétique que certains ostéopathes nomment biodynamique ?

Un intérêt certain pour ce concept ostéopathique est apparu lors d’un cours d’initiation en 4ème année de formation initiale en ostéopathie. Par la suite, un stage en libéral renforcera ce besoin d’en découvrir plus sur ce modèle si mystérieux au premier abord. Cet aperçu du concept biodynamique, avec la découverte des dimensions philosophique et spirituelle de l’ostéopathie sera une révélation. L’approche biodynamique s’est révélée à nous comme un moyen de réactualiser au mieux le modèle ostéopathique défini par A.T. Still, avec son unité de ‘’corps, de mental et d’esprit’’. Cette réinitialisation semble pouvoir être comparée à la fonction ‘’reset ‘’ connue en informatique. Cet enthousiasme pour cette approche ostéopathique nous empêchera certainement d’être pleinement objectifs dans notre étude.

Le thème du concept biodynamique en ostéopathie fait l'objet de très peu de publications et l'on s'aperçoit que beaucoup d’ostéopathes connaissent peu ou mal cette approche ostéopathique. On peut lire également que ce modèle biodynamique est parfois sujet à controverses dans le milieu ostéopathique, certains lui prêtant un caractère mystique, spirituel, voire religieux.

Problématique : Cette approche a-t-elle trouvé sa place dans l’ostéopathie d’aujourd’hui ?

La bonne rédaction d'un mémoire de ce type peut apporter un peu de clarté et de compréhension sur les connaissances de cette discipline. Une fois le modèle biodynamique bien défini dans sa terminologie, il sera plus simple de le reconnaître à travers les textes et récits des pionniers de l'ostéopathie et de remonter ainsi jusqu'à ses origines. Par cette synthèse, nous espérons pouvoir apporter les informations claires et complètes nécessaires à la bonne compréhension de cette approche biodynamique, ce qui permettra peut-être à certains ostéopathes de lever une confusion, d'approfondir leurs connaissances, et pourquoi pas leur donnera l’envie d’étudier de plus près ce concept biodynamique. Ce travail s’inspire de nombreux écrits dont ceux d’A. T. Still, W.G. Sutherland, Rollin Becker, J. Jealous, Pierre Tricot, Charles Ridley, et bien d’autres, mais aussi de mémoires traitant du modèle biodynamique en ostéopathie, d’échanges directs avec René Briend, Pascale Fauvet, Mark Baker, Alain Abehsera et de rencontres mythiques comme l’interview de Chantal Clausse, la nièce de J.A. Duval.

Commençons par ce que nous savons, c’est-à-dire le contexte dans lequel se pose ce type de pratique : aujourd’hui tout le monde connaît le modèle biomécaniste de l’ostéopathie par le traitement de la mobilité articulaire et tissulaire. Ce modèle structurel a une « action mécanique et la réaction espérée est une réponse réflexe neurologique d’autorégulation ayant un impact général sur la santé. Ainsi le modèle mécaniste développe un point de vue assimilant la dysfonction ostéopathique à une rupture d’équilibre dans l’architecture des forces mécaniques composant et animant le corps. Il invite donc à rechercher et évaluer, par la palpation et des tests cliniques, la mobilité mécanique des éléments qui le composent. Ici, l’accent sera mis sur une perception des informations recueillies par la palpation manuelle et la mobilisation articulaire ou tissulaire. Outre les éléments pathognomoniques, analysés classiquement en médecine, seront recherchées des variations anormales ou relatives de la symétrie corporelle, de la densité, de la dureté, de l’élasticité, de la mobilité … »2

Dans l’approche biodynamique, l’ostéopathe utilise la respiration primaire pour permettre au schéma original (de santé) de resurgir. Pour cela, le thérapeute doit être en accord avec l’environnement et mobiliser toute son attention. Il doit être attentif à la globalité de son patient ainsi qu’à tout ce qui l’entoure. Il est donc primordial pour lui de savoir diviser son attention, d’être présent et de rester « centré » sans se disperser. Il devient alors le spectateur du mécanisme d’autoguérison et d’autorégulation du corps et c’est à partir de cette notion de non action du praticien que se joue la différence avec les techniques fonctionnelles classiques. Plus exactement lors de la séance, le praticien sert de fulcrum à la santé qui s’exprime par le souffle de vie. En gardant une ligne de conduite non interventionniste, le thérapeute va permettre à chaque structure et tissu du corps du patient de se voir rééquilibrés et restitués de leur énergie, grâce à l’expansion de la respiration primaire. L’élément clef dans ce type de pratique est le besoin d’une ouverture d’esprit optimale et un sens du toucher averti du thérapeute, lui permettant d’accepter les expériences3 qui lui parviennent durant la consultation avec la plus grande neutralité.

Au sein de la communauté ostéopathique, tout le monde est d’accord pour dire que le concept biodynamique est né des travaux de W.G. Sutherland (essentiellement depuis 1948 où son approche va évoluer spécifiquement vers ce système biodynamique). Des travaux récents comme celui de l’ouvrage Interface (de Paul Lee) montrent qu’A.T. Still dans ses écrits philosophiques était déjà relié à un modèle biodynamique par sa philosophie thérapeutique. Mais également par ses méthodes comme le montre le témoignage de l’arrière-petit-fils d'A. T. Still, Richard Still Jr. : en septembre 1998 celui-ci affirma qu' « A. T. Still ne pratiquait ni ne préconisait l'utilisation de ces techniques. » Il relate même que son père expliquait qu’A.T. Still « ne pratiquait pas la manipulation comme nous la connaissons »4.

Nous allons tenter d’établir une généalogie entre les grands ostéopathes qui ont marqué l’évolution du modèle biodynamique, ainsi que de mettre en évidence leur continuité avec les pionniers de l’ostéopathie : A.T. Still et W.G Sutherland. Nous continuerons notre exposé par la démystification des différents termes employés en approche biodynamique en tentant de les rendre accessibles au plus grand nombre. Pour rendre cela possible, nous parlerons succinctement des différents ressentis du praticien ainsi que des paramètres à mettre en place pour pouvoir accéder à ces niveaux de perception. Nous terminerons par une présentation d’un panel d’obstacles faisant barrière à l’évolution de cette pratique ostéopathique. Dans ce mémoire, nous suivrons les conseils délivrés par Rollin Becker à sa conférence dédiée à W.G. Sutherland5. C’est pourquoi nous ne attarderons pas sur la description des découvertes concernant le concept biodynamique en ostéopathie, mais au contraire nous tenterons d’aller le plus loin possible en gardant une vision d’ensemble sur notre sujet d’étude.

La méditation,21 ,22,23 l’hypnose,24, 25 l’EMDR,26, 27 les sons binauraux,28, 29 les transes,30,31,32 le rêve éveillé33 et la thérapie holotropique34 sont des moyens de modifier l’état de conscience de manière volontaire (le sommeil35 correspond également à des états modifiés de conscience mais involontairement). Toutes ces méthodes ont des effets thérapeutiques, et permettent une communication subtile, puisqu’elles permettent d’accéder à différents aspects conscients et inconscients de la personne

Ces états correspondent, tout comme pendant le sommeil, à des niveaux (paliers) pendant lesquels la conscience a accès, entre autre, à une sensorialité accrue.36,37 Ils permettent une ouverture d’esprit donnant accès à des champs de perceptions subtils.38

A l’aide des courbes d’EEG, nous pourrions savoir sur quelles fréquences se situent les ondes cérébrales des praticiens. Nous aurions ainsi la possibilité de savoir dans quel état de conscience se trouve le praticien durant la pratique de l’ostéopathie fluidique crânienne.

Les paramètres qui permettent de modifier l’état de conscience, ainsi que ce qu’ils induisent dans leurs champs d’action, sont répertoriés. Une attention focalisée,38,8,22 un travail de visualisation,39 une présence soutenue,40,8,22 un lâcher- prise, une intention40 lors de l’écoute palpatoire, seraient les paramètres de base d’une conscience modifiée qui amènerait l’ostéopathe à aller vers une communication plus sensorielle.

En méditation, ces mêmes paramètres semblent être utilisés pour parvenir à être en état de présence, pendant cet état de conscience modifiée. Par l’analyse des tracés de l’EEG, nous ferons un parallèle entre l’activité électrique du praticien et celui du méditant.41

Nous passerons en revue, à travers différentes définitions le terme de conscience. Plusieurs points de vue sur la conscience seront nécessaires afin de clarifier ce qu’elle représente. Afin de lui donner un aspect global, nous l’aborderons tout d’abord dans un contexte général, en philosophie, en neuroscience cognitive puis selon la philosophie orientale.

Nous verrons par la suite qu’elle se situe dans le cerveau. Pour préciser son fonctionnement, nous spécifierons les différentes structures intervenant dans le processus d’élaboration de la conscience. La neuroscience nous apporte son explication physiologique; la phénoménologie, une classification qualitative; la physique quantique, une nouvelle approche ondulatoire et matériel.

Un chapitre sera consacré aux états de conscience modifié (EMC). Nous irons plus spécifiquement vers l’aspect modifié de la conscience en prenant deux exemples : le sommeil et la méditation.

Pendant la pratique ostéopathique crânienne, les praticiens sont-ils en état modifiés de conscience ? La qualité d’attention de la conscience peut-elle refléter l’écoute du praticien à son patient ?










Vladimir Roudenko-Bertin
IDO, juin 2012


Introduction
L'ostéopathie repose sur des paradigmes conceptuels avant d'être pratiques. Ceux de globalité, de relation réciproque entre structure et fonction et d'homéostasie font figure de proue. Cités de façon récurrente dans la littérature, ils sont le plus souvent présentés de façon isolée, sans qu'apparaissent les liens qui sous-tendent leurs relations complémentaires. L'évolution du concept ostéopathique fait cependant émerger de façon d'abord imprécise, puis de plus en plus documentée, l'existence d'un lien qui donne leur unité à ces principes : le fulcrum. Celui-ci est défini comme « un point puissant d'immobilité, autour duquel se produit le mouvement, et au travers duquel l'espace est organisé en activité spécifique, ou fonction ». Pour certains anecdotique, le fulcrum est pour d'autres un aboutissement, une nouvelle façon de pratiquer et de vivre l'ostéopathie, à tel point que W.G. SUTHERLAND donna pour nom à sa villa de Pacific Grove The Fulcrum

Le fulcrum est un point d'appui ; il oriente, organise et dynamise le mouvement. Il soutient et permet le développement d'un mouvement avec son corollaire de vitalité. Il détermine un espace qui référence le mouvement. La première utilisation du terme « fulcrum » dans la littérature ostéopathique apparaît en 1914 sous la plume de W.G. Sutherland pour décrire une technique ostéo-articulaire. Emprunté au vocabulaire des sciences physiques, il provient du vocable latin fulcio et signifie «étayer» ou «soutenir». La traduction des textes ostéopathiques écrits en anglais vers le français, lorsqu'elle ne reprend pas directement le terme de « fulcrum », a retenu les expressions « point d'appui », ou « pivot ».

La notion de point d'appui se retrouve de façon transversale dans les différentes approches ostéopathiques, structurelles comme fonctionnelles. Elle présente néanmoins une importante évolution sémantique à travers le temps, notamment dans les propriétés qui lui sont associées. De même, si le fulcrum existe en tant que notion, cette notion est elle-même porteuse d'une pluralité de données qui induisent d'importantes subtilités dans la compréhension du concept. C'est la raison pour laquelle nous parlerons souvent dans notre définition de fulcrums. Quel est donc le dénominateur commun qui permet d'assurer la continuité conceptuelle du fulcrum au sein des différentes écoles de pensée ostéopathique ? Le fulcrum a-t-il valeur de technique, et dans ce cas, existe-il une pédagogie du fulcrum ? Quel modus operandi le praticien met-il en place afin de travailler avec le fulcrum ? S'il s'agit d'une technique, qu'a-t-elle de commun avec les principes de globalité et d'interrelation de structure et de fonction ?

Derrière ces constats et les nombreuses questions qu'ils soulèvent, émerge une modélisation novatrice du corps et de la santé, où mouvement et totalité unifiée du corps s'organisent sans cesse autour d'un point d'appui, zone d'équilibre ou de neutralité de tension, qui place le fulcrum sur le plan de la fonction que l'ostéopathe peut repérer. « Au moyen de la connaissance consciente, de l'habileté palpatoire et des compétences motrices sensibles, nous recherchons les points d'équilibre des schémas de mouvement et de mobilité pour la lésion (ou les lésions) spécifique6 » afin de comprendre leur façon de s'inscrire dans l'organisme. Peut-on donc envisager le fulcrum comme l'agent unificateur de l'homéostasie du patient ? Est-ce une structure anatomique ? Ou bien, est-il une fonction inhérente de l'organisme, intervenant dans l'équilibre du sujet ? Quel est donc en somme, ce qui fait du fulcrum un principe ostéopathique à part entière ?

Afin de préciser la définition du fulcrum, nous présenterons dans un premier temps l'aspect biomécanique du fulcrum, avant de nous intéresser à la relation qui unit le fulcrum à l'homéostasie du sujet à travers les différentes approches ostéopathiques, et d'isoler les outils diagnostiques et techniques qui permettent de contacter les fulcrums du patient.










Augustin Comte
Lognes - Juin 2012


Qu'est-ce que la vie ?

Qu'est la vie ? Nous pensons que la vie est une pulsation, un battement de cœur, une chose qui est vivante tant que son cœur bat. Le corps manifeste la vie ; Il exprime la vie. Mais l'expression de la vie, comme un levier œuvrant sur ses points d'appui, n'est pas la vie qui est exprimée. C'est le levier, mais la vie et la puissance sont dans le fulcrum immobile – non dans ce qui bouge – non dans ce qui pulse. Nos corps ne vivent pas ; ils ne font qu'exprimer la vie de notre Source. (Walter Russell - in Becker, R. E. 1997. The Stillness of Life Stillness Press. p.189)

Personne ne connaît le philosophe qui le premier posa la question : « Qu'est-ce que la vie ? » Mais toute personne intelligente s'intéresse à ce problème, désirant au moins connaître une raison tangible pour laquelle on l'appelle « vie » ; savoir si la vie est personnelle ou si elle est organisée de manière telle qu'on puisse la considérer comme principe individualisé de la Nature. (Andrew Taylor Still - Philosophie et principes mécaniques de l'ostéopathie 2009 Sully, p. 288)

Introduction

Qu'est ce qui fait qu'une chose peut être qualifiée, ou non, de vivante ? Qu'est ce qui permet de faire qu'un amas de cellules soit un être agissant et pensant ? Toutes ces questions, centrales en philosophie, en médecine et même en théologie, ne trouveront sans doute jamais de réponses définitives. Néanmoins, afin de mieux comprendre toute la dimension philosophique de l'ostéopathie et le rôle de l'ostéopathe, les concepts de vie et d'être vivant nécessitent d'être éclaircis.
Dans The Bulletin d'automne 1903, Andrew Taylor Still exhorte les ostéopathes à approfondir leurs connaissances sur la vie :

Je veux une connaissance indubitable, une meilleure connaissance de la vie, je veux savoir si elle est une substance, ou un principe qui contient les nombreux attributs de l'esprit tels que sagesse, mémoire, pouvoir de raison et un nombre illimité d'autres attributs. (A. T. Still - in The Bulletin, Automne 1903)

Quel meilleur moyen pour répondre à cela que de se plonger dans les écrits du fondateur de l'ostéopathie et de ses plus proches disciples ? L'étude de ces ouvrages, pour certains relativement méconnus, m'ont fait toucher du doigt à quel point les concepts de vie et de principe vital étaient centraux dans l'ostéopathie d'Andrew Taylor Still, de William Garner Sutherland, de Rollin Becker et de nombreux autres ostéopathes.
Le concept de « vie » est difficilement séparable de tout l'aspect spirituel qui l'entoure. Si ce mot peut déranger, il est indéniable que Still, en homme pieux, a créé une médecine scientifique mais aussi teintée de spiritualité. Paul Lee définit d'ailleurs l'ostéopathie comme «une philosophie médicale basée sur la spiritualité » (Paul Lee, Interface, Mécanismes de l'esprit en Ostéopathie - Sully, 2005. p. 142)

Que l'on soit ou non religieux, on ne peut qu'accepter le fait que dans l'état actuel de la science, bien des mystères restent à résoudre que cela concerne l'infiniment grand, l'infiniment petit ou le corps humain. Nous verrons que la philosophie ostéopathique peut apporter des bribes de réponses à cette recherche en tant que philosophie vue en tant que « précurseur de l'action » comme dit Rollin Becker. (Becker, R. E. The Stillness of life Stillness Press, 1997, p. 183

Les sujets abordés ne sont sans doute pas exclusifs à l'être humain. Mais dans la mesure où les auteurs cités ne parlent presque qu'à travers leur expérience sur l'humain, nous avons choisi ce dernier comme sujet d'étude.
Le but de ce mémoire n'est pas de prouver la justesse de la pensée de Still, ni de tenter de rendre légitimes des affirmations par la simple citation de son nom, mais simplement de faire transparaître un aspect de la philosophie ostéopathique qui a fortement éveillé ma curiosité. J'ai donc eu envie de m'y intéresser et de me demander quelles pourraient en être les implications philosophiques, morales et pratiques.
Sutherland dit : Si nous pouvions avoir la même vision de l'infinitésimal dans la structure mécanique humaine que le Dr Andrew Taylor Still, nous pourrions facilement observer la multitude de « petites choses » qui sont de « grandes choses » dans la science de l'ostéopathie.
Je pense que nous pouvons prendre le pari de suivre son conseil et d'essayer « d'observer la multitude de petites choses » afin de mieux saisir la dimension stillienne.

Le corps humain est une machine animée par une force invisible appelée vie [...] Andrew Taylor Still, Autobiographie, Sully, 1998, p. 166

Ainsi, nous pouvons nous demander quelle est la place de cette force invisible dans la pensée ostéopathique et comment l'ostéopathe peut-il collaborer avec elle ? Nous tenterons de répondre à cela en posant dans une première partie quelques bases philosophiques et définitions nécessaires, pour dans un second temps, nous attacher à l'étude des idées de Still et de certains de ses disciples à travers quelques-uns de leurs écrits. Puis, pour terminer, nous décrirons ce que peuvent être les implications ostéopathiques, théoriques et pratiques, de ces données.










Antoine Astier
Aix en Provence - février 2004


Introduction

« Seuls les tissus savent »
Cette petite phrase troublante, attribuée à Rollin E. Becker, je l'ai entendue pour la première fois lors de mes études, en 4ème année, dans un cours sur les fascias. Je l'ai ensuite vue, utilisée comme titre pour une intervention dans un symposium annoncé dans l'ApoStill (Only Tissues Know, Jean-Pierre Barral, Apostill n°9, Automne 2001, p. 62) et je l'ai enfin revue, utilisée en tant que sous-titre lors de mon premier séminaire post-gradué, en ostéopathie tissulaire avec Pierre Tricot. J'ai alors obtenu une idée plus claire de sa signification.
Cependant, cette petite phrase bousculait tout l'enseignement que j'avais reçu et, qui plus est, investissait les tissus d'une forme de conscience éclairée.
Dans les collèges, l’enseignement de l’histoire de l’ostéopathie se résume le plus souvent à celles d’Andrew Taylor Still et de William Garner Sutherland, voire à celle de John Martin Littlejohn. Rollin E. Becker n'y est pas mentionné, ni aucun de ceux qui ont poursuivi les recherches et l'enseignement de ces trois pionniers. L'enseignement du concept crânien est généralement restreint à l'approche osseuse et membraneuse, avec quelques notions fluidiques, base indispensable, mais laisse l'étude des concepts qui ont suivi à la responsabilité des étudiants, par des cours en post-gradués et une recherche personnelle. Ce qui semble somme toute raisonnable, cette approche manquant douloureusement de justifications scientifiques et demandant une palpation bien entraînée.

J'ai donc voulu en savoir plus en remontant à la source, mais je me suis vite aperçu que la philosophie et la pratique ostéopathiques de Rollin Becker, héritées de W.G. Sutherland, ne sont pas vraiment disponibles au lecteur francophone. Il existe un petit livre, celui de Jacques Andreva Duval, D.O., élève direct de Rollin Becker, intitulé "Introduction aux techniques ostéopathiques d’équilibre et d’échanges réciproques", mais ce livre, publié en 1976, qui a fait connaître Rollin Becker aux ostéopathes francophones, est actuellement épuisé et bien difficile à se procurer. Il existe également quelques traductions d'articles de Rollin Becker, mais cela me semblait insuffisant.
Je constatais alors qu'il existait bien une bibliographie concernant Rollin E. Becker, mais que celle-ci était essentiellement anglophone et sous forme d'articles, de notes de cours, de textes de conférences et de correspondances, rassemblés dans deux livres : Life in Motion publié en 1997 et The Stillness of Life publié en 2000.
Devant ces difficultés à obtenir des données justifiant la phrase « Seuls les tissus savent », et n'ayant pourtant aucune qualification particulière pour me lancer dans un travail de traduction, je me suis proposé de présenter en français une approche de la philosophie et de la pratique de Rollin E. Becker, à partir du matériel disponible actuellement et principalement anglophone.

À l'évocation de « Seuls les tissus savent »comme sujet de mémoire, Pierre Tricot avec qui j'échange volontiers par courriel (courrier électronique), me répondit tout d'abord que le sujet était délicat, les concepts développés étant loin d'être admis dans la communauté des ostéopathes. Puis, en interrogeant mes professeurs, M. Bourdinaud, académicien co-responsable des mémoires dans mon école et M. Minodier, enseignant les techniques structurelles, ceux-ci parurent enthousiastes, trouvant ce choix intéressant et original. La décision fut donc prise.

Quelques mois plus tard, Pierre Tricot m'informa qu'il travaillait en tant que correcteur et superviseur, à la traduction de Life in Motion, effectuée par Valérie Espinasse pour le compte de la Cranial Academy et qu'il acceptait de me communiquer cette traduction en cours pour les besoins de mon mémoire. Cela a allégé la partie traduction de mon travail, qui concerne donc principalement les extraits de "The Stillness of Life", mais j'ai tout de même modifié certains passages de La Vie en Mouvement, quand cela m'a semblé nécessaire.
À la lecture de La Vie en Mouvement et de The Stillness of Life, il m'est vite apparu qu'il ne pouvait être question pour moi de rentrer dans une approche critique ou comparative de tel ou tel aspect du concept présenté, car celui-ci repose sur un art palpatoire qui est aujourd'hui encore, au-delà de mes capacités personnelles. Comme le dit Rollin Becker lui-même : « Pour la plupart d'entre nous, le développement de doigts pensant, ressentant, voyant et connaissant afin d'expérimenter chez nos patients le legs du Dr Sutherland concernant toutes les phases du mécanisme respiratoire primaire, est un processus douloureusement lent. »

« It is a painfully slow process for most of us to develop our own thinking-feeling-seeing-knowing fingers so as to experience within our patients that which Dr. Sutherland gave us concerning all phases of the primary respiratory mechanism. » (Life in Motion, p. 92-93)
Ce travail est donc une traduction, un regroupement et une synthèse des principaux thèmes abordés par Rollin E. Becker dans ses articles, notes de cours, textes de conférences et correspondances, tels qu'ils apparaissent dans les publications précitées. J'espère qu'il intéressera le lecteur et lui donnera une idée assez claire de la philosophie et de la pratique de Rollin E. Becker, D.O., résumées dans la litote « Seuls les tissus savent. »
Avertissement
Comme ci-dessus, toutes les citations proposées seront reproduites en gras et celles résultant d'une traduction personnelle (ou du travail en cours de Valérie Espinasse et Pierre Tricot) seront suivies du texte original, en italiques, permettant au lecteur anglophone d'avoir une approche plus exacte du ton et de la formulation originale de Rollin Becker. Certains termes comme « fulcrum » (point d'appui) ou «still-point » (point tranquille ou point immobile), étant communément utilisés dans le jargon ostéopathique francophone, ont été laissés en l'état. Dans le même esprit, le mot « physician » (médecin) a parfois été traduit par « praticien » quand il se rapportait exclusivement à l'exercice ostéopathique.









Philippe Prat
Le concept de conscience dans la palpation
Montréal, juin 2008


Présentation du mémoire
Questions de recherche : Le concept de conscience est-il présent dans la palpation des ostéopathes ?
Sous questions :
• Comment s’exprime cette conscience dans la palpation chez les ostéopathes, au moment du traitement ?
• Cette conscience dans la palpation est-elle liée à des facteurs d’évolution personnelle ?
• Comment s’exprime cette conscience dans la palpation avec leurs patients au moment du traitement ?
• Y a-t-il des moyens d’apprentissage et d’amélioration de la conscience ?
Résumé
Cette recherche qualitative de type exploratoire est basée sur un des aspects fondamentaux de l’ostéopathie : la palpation, et une étude transdisciplinaire scientifique. Son but est de montrer si le concept de conscience (un des aspects du savoir-être) est présent dans la palpation des ostéopathes, mais également si une corrélation peut être trouvée avec ce qu’en dit la littérature scientifique ou ostéopathique. Ceci constitue notre question principale de recherche. Afin de répondre à cette question de recherche nous avons identifié quatre sous questions :
1. Comment s’exprime cette conscience dans la palpation chez les ostéopathes, au moment du traitement ?
2. Cette conscience dans la palpation est-elle liée à des facteurs d’évolution personnelle ?
3. Comment s’exprime cette conscience dans la palpation avec leurs patients au moment du traitement ?
4. Y a-t-il des moyens d’apprentissage et d’amélioration de la conscience ? Pour réaliser notre objectif, nous avons choisi de rencontrer des ostéopathes de différents pays, avec beaucoup d’expérience, avec lesquels nous avons utilisé des entrevues en profondeurs de type semi-dirigée ; de faire une revue de littérature principalement dans cinq grands domaines de connaissance (biologie, phénoménologie, clinique psychiatrique, spiritualité et ostéopathie), tout ceci à partir d’une pré-enquête. Ces trois points ont constitués notre collecte des données.
Un premier niveau d’analyse représenté par une synthèse de chacune de ces entrevues nous a permis de constituer nos données à partir de quatre grands thèmes.
Puis un deuxième niveau d’analyse transversal aux entrevues nous a permis d’organiser nos résultats suivants des thèmes apparus, dans le but de répondre à nos sous-questions et notre question principale de recherche.
Ces deux niveaux d’analyse nous ont permis de répondre positivement à notre question de recherche, mais également de préciser les résultats dans nos sous-questions de recherche, grâce à l’éclairage conjoint et congruent des ostéopathes rencontrés et de la littérature sur le sujet.









Jean-François Mégret
Présentation du mémoire
Montpellier, juin 2003


Le terme tenségrité a été forgé en 1949, par Richard Buckminster Fuller, un architecte et designer américain. Au départ, il s’agit d’une idée, ou plutôt d’un rêve, que Buckminster Fuller transformera en concept : celui d’une organisation architecturale associant « des îlots de compression dans un océan de tensions. » Contractant les deux mots « tensile » et « integrity », qui rendent compte d’une tension intégrale et intégrée, il appelle ce concept « tensegrity, » francisé en « tenségrité. »

Dans les années 1950, le sculpteur américain Kenneth Snelson concrétisera ce concept en produisant des sculptures arachnéennes dont les tubes comprimés semblent flotter dans l’air au sein d’une chrysalide de câbles, remettant ainsi en cause notre longue culture de la compression.

Les structures établies sur la tenségrité sont réalisées en reliant des barres par des câbles, sans relier directement les barres entre elles. On réalise ainsi un système rigide et déformable, stabilisé, non par la résistance de chacun de ses constituants, mais par la répartition et l'équilibre des contraintes mécaniques dans la totalité de la structure. Les principaux avantages de ce système sont sa légèreté, sa consommation minimale de matière première et surtout, sa souplesse et sa flexibilité, associées à une grande solidité.

La tenségrité est omniprésente dans la nature, y compris dans le corps humain. Le concept intéresse aujourd’hui particulièrement les chercheurs en biologie qui pensent que les cytosquelettes des cellules animales seraient conçus avec de telles structures : les microtubules sont au centre d'un réseau de contraintes compressives exercées par des filaments. Il semble que l’on puisse appliquer ce modèle de construction à toutes les parties du corps, de l’organisation microscopique à l’organisation macroscopique.

La tenségrité, principe structural novateur, a fait l’objet d’applications dans les domaines de la biomécanique et de la thérapeutique. Il importait de présenter ces résultats et de prolonger la réflexion dans une optique ostéopathique.
Présence d’éléments disjoints en compression au sein d’une tension continue, autoéquilibre stable et indépendance vis-à-vis de la gravité caractérisent les systèmes detenségrité. Les notions d’autocontrainte et de comportement non-linéaire sont essentielles.

A l’échelle microscopique, le rapport entre la structure (matrice extracellulaire,intégrines et cytosquelette) et la fonction (métabolisme, morphogenèse) repose sur latenségrité. L’équilibre des forces contrôle et régule la vie cellulaire. Le rôle de la matriceextracellulaire (fascias) est central dans les processus physiologiques et pathologiques.
A l’échelle macroscopique, plusieurs structures anatomiques (sacrum, épaule, rachis etsystème crânio-sacré) forment des systèmes de tenségrité. La notion de hiérarchie dessystèmes est soulignée, les fascias constituant un méta-niveau intégrateur. L’hypothèse d’unfonctionnement du corps entier selon la tenségrité est abordée.

La tenségrité ouvre la voie pour une vision biomécanique unitaire, étape essentielle pour la validation des concepts ostéopathiques. La mise en place de protocoles expérimentaux permettrait de prolonger notre réflexion.

La qualité palpatoire des étudiants en ostéopathie



Aude de Blois :
Présentation du mémoire
juin 2005, Montréal


Présentation du mémoire

Cette recherche qualitative et descriptive a eu pour but d'établir un profil de la perception de la sensibilité palpatoire des étudiants en ostéopathie et de l’évolution de cette perception pendant leurs années d’études afin de savoir s’il existe une disparité de cette sensibilité chez ces derniers et dans l’affirmative, ce qui pourrait l’expliquer.

L’idée de cette recherche nous est venue après avoir remarqué une différence dans la sensibilité palpatoire chez nos collègues pendant nos années d’étude, et constaté qu’ils évoluaient différemment.

Aussi il nous a semblé intéressant de rechercher quels pouvaient en être les raisons.






Annie Rodier
Méthode d'équilibre et d'échanges réciproques et adolescence
Juin 2010, Montréal




Introduction
Cette recherche qualitative tente de vérifier les possibilités d’appliquer la méthode ostéopathique d’équilibre et d’échanges réciproques de Becker à un niveau psychologique dans le processus du développement de la personne pour obtenir un équilibre optimal.
Pour alléger le travail, cette recherche couvre spécifiquement la période critique de l’adolescence puisque celle-ci représente la première crise consciente de l’individu dans son processus de développement.

Pour mettre en évidence cette possibilité d’application, la recherche a tenté de répondre aux trois questions suivantes :

1) Quelle est la méthode d’équilibre et d’échanges réciproques de Becker au niveau tissulaire dans la vision ostéopathique ?

2) Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux périodes critiques de la vie, en l’occurrence, l’adolescence ?

3) Si cette méthode ostéopathique est applicable à la période critique de l’adolescence pour trouver un équilibre, peut-elle être applicable aux autres périodes critiques de la vie ?

Un tableau synthèse fait ressortir tous les éléments impliqués pour faire le parallèle entre l’aspect physique et psychologique proposé dans la recherche.


Cette recherche a accordé une importance particulière à l’analyse documentaire.

L’étude a inclut également un aspect de recherche de terrain pour compléter les données et enrichir l’analyse.
La revue de littérature a permis en partie de définir les différents éléments impliqués dans le tableau synthèse alors que la recherche de terrain a permis d’établir des liens plus précis entre les éléments de comparaison.

C’est à partir d’une collecte de données auprès de trois groupes d’informateurs, que la chercheure a pu compléter la recherche de terrain :

• Groupe 1 : 8 ostéopathes faisant partie d’une association reconnue ont répondu à un questionnaire/entrevue semi-structuré.
• Groupe 2 : 7 professionnels qualifiés en psychologie ont répondu à un questionnaire/entrevue semi-structuré.
• Groupe 3 : un groupe de 4 garçons et un groupe de 6 filles âgés entre 15 et 17 ans ont participé respectivement à un groupe de discussion.

Dans l’ensemble, l’analyse des données a permis d’établir d’une part, un parallèle entre tous les points de vue au niveau physique et psychologique présenté dans le tableau synthèse et d’autre part, de répondre aux différentes questions de la recherche.
Le point tournant a été d’identifier le fulcrum adapté X, qui correspond au point de référence en psychologie, est identifié comme étant les relations significatives chez l’adolescent tout comme l’adulte.
Les résultats de la recherche présentent une contribution théorique à la connaissance de la réalité de l'adolescent pour le travail en ostéopathie.
Cela a mis en évidence l’importance de l’investissement personnel dans le geste thérapeutique, de l’ouverture de la conscience et de la compréhension de l’individu dans sa globalité pour obtenir un équilibre optimal.










Frédéric LOUIS-BECHADE
Montréal, juin 2016


Comprendre la communication tissulaire dans l'expérience ostéopathique

Objectif
Alors que les écrits traitant explicitement du concept de communication tissulaire sont encore rares, il semblait intéressant d’aller directement à la rencontre d’ostéopathes s’inscrivant dans la lignée traditionnelle de l’ostéopathie telle que définie par Andrew T. Still et William G. Sutherland pour partager leur expérience à ce sujet. L’apport de la phénoménologie et de sa vision du rapport de l’homme au monde constitue une piste encourageante pour appréhender la dimension expérientielle du praticien avec l’autre, le patient et son corps vivant, dans un partenariat de soin. Un momentum semble se dessiner au regard des découvertes scientifiques et de la manière d’aborder la relation thérapeutique patient-praticien. Découvrir le vécu d’ostéopathes et analyser leurs témoignages doit permettre de décrire ce concept et de définir sa place dans la pratique ostéopathique.

Matériel et méthodes
Étude qualitative phénoménologique de type descriptive réalisée auprès de dix (10) ostéopathes intéressés sur la base d’entrevues semi-dirigées suivant quatre (4) axes d’exploration du concept de communication tissulaire : définition proposée, expérimentation pratique, voie d’apprentissage et cadre théorique associé. Chaque entrevue a été synthétisée dans un premier temps puis l’ensemble analysé de manière transversale pour faire émerger les thèmes communs à la communication tissulaire, ses composantes, ses enjeux et sa place dans la pratique.

Résultats
La communication tissulaire représente la base du principe de traitement en ostéopathie. Elle nécessite la mise en place d’un lien de confiance entre le patient et le thérapeute pour que puisse s’établir un contact sensible qui permettra d’aller rejoindre la capacité d’autorégulation du patient, l’intelligence du corps, et de dialoguer avec. L’expérimenter requiert des qualités d’être et un savoir-faire à développer pour être en mesure d’offrir un point d’appui à ce mécanisme qui trouvera un nouvel équilibre de santé. L’ostéopathie est une praxis, une thérapie manuelle qui nécessite un apprentissage par le corps pour se constituer un registre de ressentis validés. La voie privilégiée est celle du compagnonnage et de l’exploration personnelle. Le cadre théorique quant à lui, secondaire à l’expérimentation, puise ses origines dans les modèles de la tradition ostéopathique et participe au développement d’une conscience de perception de plus en plus globale du patient qui tient compte de l’être entier au-delà du simple corps physique à traiter.

Conclusion
La communication tissulaire représente un vecteur d’échange privilégié dans la relation de soin. Elle permet de retrouver au plus profond de l’intimité du patient et de son individualité, l’universalité de l’expression de la vie dans ses tissus. Il s’agit d’apprendre à interpréter ce langage d’un corps sensible, celui d’un être vivant et son rapport au monde.
Mots clés : communication, dialogue, écoute, échange, relation, présence, corps, sensible, tissu, tissulaire, mécanisme, phénoménologie, qualitatif









Kévin Dubocquet
Ostéopathie d'AT Still et ostéopathie contemporaine
Paris, septembre 2010



Introduction
Andrew Taylor Still a fondé l’ostéopathie en 1874, aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, en France, l’ostéopathie devient de plus en plus connue et plébiscitée.
Mais avant cela, elle est longtemps restée une pratique confidentielle, connue de peu et de ce fait la transmission de sa connaissance était très individu dépendant.
L’ostéopathie que l’on connait aujourd’hui a-t-elle alors subit des modifications par rapport à l’ostéopathie telle que Still l’avait mise en place ?
Quelles sont ces différences et en quoi peuvent-elles modifier la pratique de l’ostéopathie ?
Le but de ce mémoire n’est pas de remettre en cause l’évolution de l’ostéopathie ou de faire le procès de l’ostéopathie contemporaine, ni de parler de l’ostéopathie de Still comme de la préhistoire, mais bien d’analyser les deux puis de les comparer afin d’en faire ressortir les éléments les plus importants de notre art.
Dans ce mémoire, nous ne nous attarderons que très peu sur les aspects techniques de l’ostéopathie, cette recherche portant sur la philosophie de l’ostéopathie et non sur ses conditions de pratique, sur le fond et non la forme.
Ne vous attendez pas à de grandes révélations, tout ce qui sera dit dans ce mémoire est écrit dans des livres et abordable par tous.
Mon but est simplement de compiler des données et de les présenter de manière à ce qu’elles deviennent plus facilement compréhensibles, et ainsi mettre en lumière quelques aspects méconnus de l’ostéopathie.
Ce mémoire permettra peut être de vous éclairer sur la philosophie de l’ostéopathie ou simplement de rappeler ses fondamentaux.
Il se peut que vous le trouviez trop simpliste voire inutile, j’en serais presque heureux, cela signifierait que la philosophie de l’ostéopathie n’est pas morte et est toujours présente dans l’esprit des ostéopathes aujourd’hui.
Ce mémoire a été avant tout un travail de recherche personnel ayant pour but d’approfondir ma connaissance de l’ostéopathie et de sa philosophie afin de faire progresser ma pratique.
J’espère qu’il pourra vous être utile également.









Martine Rainville
Montréal, juin 2010

Cette recherche a pour objectif d’identifier la contribution des concepts philosophiques du philosophe anglais Herbert Spencer aux principes ostéopathiques développés par A. T. Still.
Même si la littérature fait généralement état d’un apport manifeste de l’évolutionnisme philosophique de Spencer aux théories stilliennes, l’association déclarée est toutefois peu documentée.
Cette étude souhaitait éclaircir et enrichir le sujet par un recensement et une analyse des principes ostéopathiques présents dans des textes de Still et de Spencer.

La méthode historique a été retenue comme outil méthodologique afin d’optimiser la cueillette d’informations contextuelles sur Still, Spencer et leur époque.
Les thèmes retenus sont : l’Ouest américain au XIXe siècle, les philosophies européenne et américaine au XIXe siècle ainsi que la vie et l’œuvre d’Herbert Spencer.

En vue de l’analyse des textes et en l’absence d’une liste concrète de principes ostéopathiques établie par Still, il a fallu procéder à la création d’une liste mixte de huit principes ostéopathiques à partir de deux autres listes existantes : celle de Louisa Burns (1922) et celle du Kirksville College of Osteopathy and Surgery (1953).
Les principes de cette liste mixte ont d’abord été validés par le biais d’une analyse de contenu préliminaire effectuée dans les quatre ouvrages de Still.
Puis, ils ont été utilisés à nouveau dans un second exercice d’analyse, portant cette fois sur tous les livres du Système de philosophie synthétique de Spencer.
À chacune des opérations d’analyse, des observateurs externes ont examiné et commenté les résultats obtenus.

L’analyse du contenu des ouvrages de Still a permis de valider la pertinence de la liste mixte proposée.
En ce qui concerne l’examen des volumes de Spencer, les résultats obtenus ont fait ressortir une correspondance dans la pensée des deux auteurs.
En effet, tous les principes, sauf un, ont été identifiés dans les écrits du philosophe.
De plus, les énoncés de Spencer relatifs aux principes ont généralement fait preuve d’une bonne association sémantique.
Les principes portant sur l’unité du corps et sur l’interrelation de la structure et de la fonction sont les thèmes les mieux représentés dans l’œuvre de Spencer.

Les concepts spencériens, antérieurs à la découverte de l’ostéopathie par Still, ont donc pu contribuer à organiser la vision ostéopathique philosophique et biologique de Still particulièrement en ce qui concerne son intérêt pour le courant médical du mécanicisme, son utilisation de la relation de cause à effet dans la conception de la santé et de la maladie ainsi que son adhésion au Connaissable et à l’Inconnaissable.
La recherche a également démontré que l’intérêt de Still pour la philosophie n’est pas fortuit et qu’il témoigne de la place prépondérante que cette discipline a occupée jusqu’au milieu du XIXe siècle en tant que « savoir unifié ».
L’étude encourage de plus l’utilisation de l’histoire comme outil de recherche en ostéopathie afin de pénétrer et de décoder les faits, de valoriser le savoir scientifique antérieur et de stimuler la pensée critique lors de l’analyse de certains concepts ou théories.
Enfin, l’enracinement profond de l’ostéopathie dans le patrimoine des savoirs humains est un fait méconnu qui pourrait agir comme un levier utile dans le débat actuel de la reconnaissance de l’ostéopathie, en soulignant les caractères communs partagés avec d’autres domaines thérapeutiques officiels.

Introduction du mémoire

Dès mes premiers contacts avec l’ostéopathie, j’ai toujours été intriguée par les circonstances particulières ayant mené à la découverte par Andrew Taylor Still, en 1874, de cette approche thérapeutique novatrice. Les événements de la naissance de l’ostéopathie mettent en scène un esprit brillant, curieux, en opposition avec les courants médicaux du temps, évoluant dans le milieu physique rude et hostile du Midwest américain du XIXe siècle, milieu qui, en raison de l’âpreté des conditions de vie, laissait parfois peu de place à l’éclosion d’une vie intellectuelle riche et variée.

Dans son ouvrage soigné consacré aux écrits de Still, Still’s Fascia, Jane Stark mentionne que : « From Still’s personal history, it was apparent that Still had an average pioneer education, interrupted periodically by family relocations, farm life and the lack of schools in remote areas ». [traduction] «Le passé de Still révèle que celui-ci a reçu une éducation semblable à celle que recevait la plupart des colons, c’est-à-dire une éducation interrompue périodiquement par les déménagements familiaux, les travaux de la ferme et l’absence d’école rurale dans les régions éloignées » (Stark, 2007a, p. 73). Ma curiosité à l’égard de l’énigmatique parcours de Still, effectué dans des conditions de vie généralement modestes et souvent précaires, s’est appuyée sur certaines de mes expériences de vie qui ont affiné ma perception de l’importance de l’environnement dans le développement des individus et des sociétés.

Au début des années quatre-vingt, j’ai vécu au Yukon pendant un an dans une cabane en bois rond, sans eau ni électricité. J’ai pu alors mesurer l’importance des efforts devant être consentis pour satisfaire les besoins essentiels de base ce qui, en fin de compte, laisse peu de temps pour des activités d’autre nature. Même si cela a suscité mon admiration inconditionnelle pour tous les autochtones et les colons ayant traversé les époques d’avant la modernité, cela a par contre augmenté ma perplexité sur les facultés uniques de Still à développer l’ostéopathie dans son milieu pionnier rudimentaire. Par la suite, j’ai habité pendant dix ans et par intermittence, dans des pays étrangers. J’accompagnais alors mon conjoint qui travaillait pour la coopération canadienne. À chaque fois, la vie quotidienne déjouait ma vision préconçue des caractéristiques des populations d’accueil. En effet, une fois sur place, au contact avec le milieu réel, mes jugements hâtifs devenaient plus nuancés. Cette compréhension des choses se précisait lorsque l’on tentait de mieux connaître l’histoire nationale. L’histoire permet en effet de développer une dimension de profondeur dans l’étude des individus et des collectivités.

Cette recherche sera donc une incursion dans l’histoire de l’environnement de Still, et plus particulièrement dans son environnement philosophique, un domaine auquel, à mes yeux, on ne s’est pas suffisamment attardé dans l’œuvre stillienne. Cet état de fait peut provenir de la situation même de la philosophie dans le monde contemporain. En effet, la philosophie occupe maintenant un espace discret dans le monde des idées, comparativement à d’autres savoirs. Par contre, la réalité était tout autre au XIXe siècle où elle était considérée comme le savoir dominant tout autre. La compréhension des écrits de Still exige donc un plongeon dans le XIXe siècle afin de se rapprocher de l’état d’esprit et des courants d’idées propres à cette époque car, comme le souligne Alain Abehsera : «Comme toute découverte, l’invention de l’ostéopathie est le fruit d’un mélange savant d’idées, d’événements, de courants historiques supra-individuels » (Abehsera, 1986, p. 31).









Anne Canarelli
Montréal, juin 2011

Résumé du mémoire
L’enseignement du Collège d’Études Ostéopathiques de Montréal affirme l’existence d’un minime mouvement d'expansion-rétraction rythmique palpable partout dans le corps humain, nommé: la Vitalité (que nous écrirons avec une majuscule). Celui-ci représente avec la motilité l'un des deux modes d'expression du Mécanisme Respiratoire Primaire (MRP) décrit par W.G. Sutherland.
L’évaluation palpatoire de la Vitalité et sa restauration grâce à des méthodes manuelles constituent dès lors une des grandes spécificités de l'ostéopathie. Or, la compréhension approfondie de ce phénomène mène à une interrogation principale :

- Comment ce mouvement d’expansion-rétraction est-il produit ? La réponse nécessitant de se faire une image précise de sa forme, elle conduit à une autre question :

- Comment les ostéopathes décrivent-ils ce phénomène? Aussi avons-nous décidé de poser une double question de recherche : Modes d‟expression et mécanismes de production, à laquelle nous avons tenté de répondre grâce à la réalisation d'une thèse qualitative établie en trois temps.

Tout d'abord, nous avons réalisé une étude herméneutique des textes philosophiques et techniques écrits par les grands ostéopathes-fondateurs, afin de relever leurs opinions sur la Vitalité et d’observer l’évolution de ce concept dans le temps. Puis nous avons effectué une expérimentation sur le terrain, grâce à des entretiens semi-dirigés réalisés avec onze (11) ostéopathes contemporains, pour prendre le pouls de la profession actuelle au sujet de la représentation que celle-ci se fait de la Vitalité et des explications qu’elle en donne. Nous avons ainsi pu dessiner un portrait complet des modes d’expression de la Vitalité et collecter les pistes explicatives citées quant à son mode de production.

Enfin, nous avons réalisé une étude dans le domaine de la science biomédicale, par la lecture et l'analyse critique d'articles, ayant pour but de nous apporter la confirmation, ou non, de quelques pistes proposées assez communément par la profession ostéopathique. Et dans le but de nous apporter des explications scientifiques sur le mode de production de l'expansion-rétraction.
En bref, nous avons exploré comment les fondateurs de l'ostéopathie et ceux d'aujourd'hui définissent, expérimentent et expliquent le concept de Vitalité. Nous avons confronté certaines de leurs hypothèses explicatives aux dernières avancées de la recherche scientifique biomédicale, puis nous
avons tenté de modéliser la production du mouvement d'expansion-rétraction. De la sorte, nous avons pu approfondir nos connaissances de la physiologie du MRP dans sa composante Vitalité.









Manon Smeesters
Montréal, mai 2012

Résumé du mémoire
La présente étude est une recherche de type qualitative visant l’exploration de la contribution du patient dans la progression des traitements d’ostéopathie. Les implications du thérapeute furent étudiées dans quelques recherches, mais selon la revue de littérature, la part du patient n’a, jusqu’à présent, fait l’objet d’aucune étude ostéopathique. Or, il semblerait, selon les ostéopathes et les écrits de la littérature, que le patient ait une grande part à jouer dans la résolution de sa problématique, de ses symptômes ou dysfonctions.

Cette étude comportait trois objectifs principaux :
1. Définir ce qu’est un insuccès thérapeutique;
2. Le thème principal de ce mémoire, mettre en lumière les différents facteurs, attribuables au patient, qui limitent la progression des traitements;
3. Explorer les différentes stratégies utilisées par les ostéopathes pour aider la personne à progresser.

Afin de répondre à ces objectifs, la chercheure a procédé à des entrevues semi-dirigées avec des ostéopathes de diverses régions. Une première entrevue fut réalisée sous forme de groupe de discussion comportant six ostéopathes. Par la suite, la chercheure a procédé à six entrevues individuelles. Finalement, une revue de littérature fut réalisée lors de la préparation du protocole de mémoire et à la suite des entrevues, afin d’étudier les nouveaux éléments qui ont émergés au cours des entretiens avec les ostéopathes.

En réponse au premier objectif, le terme insuccès thérapeutique s’est avéré inadéquat pour décrire la réalité de la relation d’aide. En effet, parler de succès ou d’insuccès signifie qu’il y a une attente bien précise quant à un résultat. Or, les ostéopathes sont des accompagnants dans le chemin de vie d’une personne. Il s’agit d’un cheminement d’évolution et le temps que prendra le patient pour évoluer lui appartient. Il est donc plus juste de parler de progression des traitements.

Plusieurs facteurs pouvant limiter la progression des traitements ont été ciblés lors des entretiens avec les ostéopathes, puis corroborés par la littérature. Il importe d’abord de s’assurer qu’il n’y a pas de pathologie sous-jacente à la problématique du patient qui pourrait expliquer le manque de progression.
Ensuite, il peut y avoir une problématique au niveau de l’engagement du patient dans le processus de guérison et son niveau de conscience par rapport à sa responsabilité face à sa santé ; il s’agit du consentement intérieur.
Les symptômes sont également des messages du corps. Le message peut signifier un blocage au niveau physique, mental, émotionnel ou au niveau spirituel. L’entourage du patient peut être un obstacle à l’évolution du patient. Le patient peut vivre dans un environnement malsain ou vivre une relation toxique qui l’empêche de progresser.
L’effet placebo contribue également à activer les mécanismes d’auto-guérison du patient ou à les inhiber, dépendamment que l’attente du patient soit optimiste ou plutôt pessimiste.
Finalement, la relation thérapeutique, qui fait partie de l’effet placebo, peut influencer l’évolution des traitements. Le patient doit se sentir en confiance et il est possible qu’il y ait une incompatibilité entre le thérapeute et son patient.
Plusieurs stratégies ont été proposées par les ostéopathes afin de surmonter les blocages du patient et d’aider celui-ci à progresser dans son chemin de vie. Il s’agit des références, de la suggestion de lectures, l’enseignement, l’utilisation de l’humour, l’amour vrai, le respect, puis encourager le patient à participer activement au traitement, notamment par la respiration.
Aussi, certaines stratégies spécifiques sont utilisées par certains ostéopathes pour déjouer le mental. Un tableau sommaire fut développé par la chercheure à la suite de l’étude afin de guider les ostéopathes faisant face à une difficulté de progression des traitements avec un patient. Ainsi, l’ostéopathe est mieux outillé pour aider son patient à progresser dans son chemin de vie.








Pierre Larchevèque
Etat d'être du thérapeute dans la pratique ostéopathique
Lognes, septembre 2007


Introduction
La mise en pratique des techniques ostéopathiques permet à l’étudiant, lors de l’apprentissage, d’avancer vers une maîtrise technique, mais elle est aussi l’occasion de découvrir des perceptions nouvelles, inattendues. Un questionnement naît alors sur le crédit que l’on peut accorder à ces dernières, qui diffèrent parfois des sensations telles qu’elles sont référencées. Ces informations nouvelles proviennent-elles du système corporel du patient ou sont-elles créées d’une quelconque façon par le praticien ?

Les perceptions ne sont bien-sûr pas le seul paramètre conditionnant la réussite thérapeutique. D’autres éléments entrent en jeu : la maîtrise d’une technique, l’« état » des tissus du patient (toxines, stress…), ce que le patient propose au travail, ce qu’il accepte de découvrir…
Néanmoins, il semble évident que l’état dans lequel se trouve le praticien influe sur les techniques employées, que la relation entre thérapeute et patient, que la compréhension par le thérapeute du cas du patient et la dynamique de transfert et contre-transfert entre patient et thérapeute ont également une incidence sur l’issue du traitement.

Ainsi, la rencontre avec des praticiens qui ont développé des qualités perceptives très fines en faisant appel à la fois à leurs sensations, à leur intuition m’a permis d’entrevoir une interaction entre le faire et l’être, entre l’exécution de techniques et la manière d’être du thérapeute. Recherchant ce qui avait été publié dans la littérature ostéopathique sur cet état d’être, il m’est alors apparu que des ostéopathes parlaient d’une manière d’être là particulière en modélisant un concept de présence et que celle-ci paraissait avoir un rôle essentiel aussi bien dans la perception que dans la qualité de la relation thérapeutique.

Cette notion est plus souvent évoquée comme quelque chose allant de soi. Elle est souvent présentée comme une évidence qui s’impose. Le thérapeute débutant est alors confronté à une injonction paradoxale (« sois détendu, sois présent… »), sans que soient précisées les conditions nécessaires à sa mise en place.

L’objectif de ce mémoire est de tenter de comprendre ce qu’est la présence, quelle place elle occupe et ce qu’elle peut apporter dans la pratique. Il analysera comment les ostéopathes l’ont modélisée et quelle application en fait chacun.

Mais aussi, il semble essentiel de cerner les moyens de mettre en place et d’exercer cette disponibilité, cette écoute perceptive. Quels sont-ils et quelle place est-il possible de leur réserver dans le cursus de formation ostéopathique ?

La première partie du mémoire est consacrée à l’étude bibliographique de la modélisation de la présence qu’ont faite des ostéopathes de référence comme William Garner Sutherland, Rollin Becker, Harold Ives Magoun, Viola Frymann, Pierre Tricot, Hugh Milne, Thierry Dubois et Philippe Hansroul.
Chacune de ces modélisations n’emploie pas systématiquement le terme de présence ; toutefois de nombreux points communs semblent les rapprocher et choisir un terme unique m’a paru plus facile pour rendre compte de la description de chacun. Ainsi, le terme d’« état de pré-
sence » regroupera l’ensemble des états particuliers dans lesquels s’immergent les thérapeutes lors des séances de soins.

La seconde partie est constituée d’un recueil de quatorze entretiens réalisés dans le but de comprendre quelle est la mise en pratique du concept de présence faite par les praticiens eux-mêmes dans le quotidien de leur cabinet.

Enfin, la troisième et dernière partie analyse quelques démarches susceptibles de développer et d’exercer cet état de présence. Elle répertorie des exercices pouvant permettre d’aider le thérapeute à améliorer la qualité de sa présence. Les approches étudiées sont celles de Pierre Tricot, Roger Vittoz et Karlfried Graf Dürckheim.

Résumé
Devant un questionnement sur les moyens d’amélioration de l’efficacité thérapeutique dans la pratique ostéopathique (autres que purement techniques), il est apparu que la manière d’être là du thérapeute joue un rôle important dans l’issue du traitement. La Présence du thérapeute influe sur plusieurs niveaux : elle lui permet de s’ouvrir à un domaine perceptif plus large et de créer un climat de confiance et de sécurité dans la relation thérapeutique.

L’objectif de ce mémoire, au travers de publications relatives à ce sujet et d’entretiens avec des ostéopathes, est d’analyser ce qu’est la Présence dans la pratique ostéopathique et quels sont les moyens dont le thérapeute dispose pour la développer.









Marianne Cassiau
Collège Ostéopathique Sutherland d’Aquitaine, novembre 2012

Résumé

L’ostéopathe est avant tout un humain. Lorsque cet homme entreprend un cursus dont le but est d’appliquer les fondements de l’ostéopathie, il acquiert non seulement des techniques de soin, une méthode réflexive, mais c’est aussi toute une philosophie de vie qui s’offre à lui. L’ostéopathie est l’étude de l’unité structurelle et fonctionnelle de l’être
humain en rapport avec son environnement. Nous pouvons donc mettre en évidence les moyens mis en œuvre par l’ostéopathe afin de gérer la relation humaine dans un contexte de soin ostéopathique.
Ce mémoire présente, au travers d’entretiens d’ostéopathes, les possibles répercussions nuisibles ressenties par les thérapeutes lors d’une prise en charge ostéopathique. Il répertorie les moyens qu’ils utilisent afin d’y remédier.
Mots clés : effets indésirables, thérapeute, préparation

Introduction

« On ne dit pas que le praticien est un être humain ! Les gens ne s’en préoccupent pas du tout. À mon époque, absolument pas. Aujourd’hui, je ne sais pas comment ça se passe dans les collèges mais je n’ai pas l’impression que ça évolue beaucoup.  »1 Cette recherche, mes interrogations, doutes et questionnements sont nés lors de ma deuxième année d’étude en ostéopathie. Riche de nouveaux enseignements et de l’apprentissage de nouvelles techniques de soin, je m’engage dans la découverte de la pratique ostéopathique. Motivée par l’envie de soigner mes proches, j’essaie donc d’appliquer, avec une grande précaution, les techniques apprises en cours. En l’occurrence, les techniques sur les fascias, les techniques tissulaires, dont le principe est d’apposer les mains sur la zone du corps que l’ostéopathe considère en restriction, c’est-à-dire en manque de mobilité. Un des principes ostéopathique est : « le mouvement, c’est la vie. »
Et lors de cette expérience particulière, où je cherchais à redonner de la vie dans les tissus que j’avais sous les mains, concentrée au maximum pour appliquer à la lettre les consignes de mes professeurs, je me suis sentie mal. Prise de bouffées de chaleurs, palpitations, tête qui tourne, j’ai décidé d’arrêter le traitement et de sortir de la salle. Je me suis réveillée quelques secondes plus tard au sol, réveillée par un brouhaha de voix plutôt confus et des secousses. J’avais perdu connaissance et mon corps avait convulsé.
Je ne suis pas épileptique. C’était la première fois que je faisais ce type de malaise. Suite à cet incident, cette réaction, cette conséquence d’un traitement, dans un premier temps j’ai paniqué et j’ai eu peur.
Je n’ai pas compris pourquoi mes professeurs ne nous avaient pas prévenu de la puissance de ces techniques et comment elles peuvent nous affecter, pourquoi on ne m’avait pas mise en garde sur les troubles que l’on peut ressentir lorsque l’on utilise ces techniques ostéopathiques. À partir de là, et durant mes trois dernières années d’études, j’ai décidé de faire attention aux conseils que l’on pouvait nous communiquer en cours, de chercher la moindre indication pour le praticien que pouvait nous transmettre nos professeurs. Les informations recueillies n’ont répondu que partiellement à mes attentes et interrogations.
Dans mon cursus, aucun cours n’a été spécifiquement dédié au praticien, à la manière de devenir thérapeute. Aucune mise en garde, aucune notion n’a été évoquée sur les conséquences dont pouvait être « victime » le praticien lors d’une prise en charge ostéopathique. La pédagogie de cet enseignement ne semblait pas prendre en compte l’ostéopathe comme un être humain.

J’ai donc décidé d’en faire mon sujet de mémoire. Au début, je pensais à un sujet sur l’ostéopathe en tant qu’être humain, sur cette notion oubliée, qu’avant de devenir thérapeute, l’ostéopathe est avant tout un humain et le reste. Cette recherche traite avant tout de ce postulat. Du comment, pourquoi et par quoi l’ostéopathe peut être affecté dans la relation qu’il met en place avec son patient et par les techniques de soin qu’il applique.

Dans mes démarches et lectures, je n’ai trouvé que très peu de mémoires parlant du praticien, de son état d’être, très peu de références bibliographiques en ostéopathie. J’ai décidé d’aller chercher ailleurs, dans la médecine. Et là j’ai trouvé un livre qui m’a beaucoup inspirée et qui s’intitule : Nous sommes tous des patients 2. Ce livre a ouvert la voie de mon sujet. À partir de cette lecture, j’ai su que le thème de cette recherche serait orienté sur le praticien, comment et par quoi il est affecté par la prise en charge ostéopathique. Après beaucoup d’interrogations, d’échanges, de remaniements, de difficultés à poser des limites pour cette recherche, je me suis donc spécifiquement intéressée aux effets indésirables ressentis par les praticiens.
Aujourd’hui, il me semble qu’aucune étude en ostéopathie n’a été entreprise dans ce sens là. Je n’ai trouvé aucune recherche, ou aucun écrit s’intéressant spécifiquement aux effets indésirables que peuvent ressentir les praticiens ; pas d’écrits non plus sur les ressentis des praticiens, ou sur l’impact d’une relation thérapeutique sur l’ostéopathe. Il me semble donc que rien n’a été entrepris à ce jour.

Objectif de l'étude

L’objectif de cette étude est de mettre en évidence par une étude de terrain le fait qu’il existe une notion d’effet indésirable chez le praticien ostéopathe. Mais quelle définition les praticiens font-ils de ce terme ? Est-ce que tous les ostéopathes ressentent ou ont ressenti des conséquences néfastes dues à leur pratique ? Comment gèrent-ils ces effets dans leur prise en charge ?

• La première partie du mémoire est consacrée aux explications des termes. Nous y aborderons la présentation des concepts, références et études retrouvées dans le milieu ostéopathique et médical,se rapprochant le plus du sujet de cette recherche.
• La deuxième partie présentera la méthode et les outils utilisés afin de recueillir les réponses directement chez des praticiens ostéopathes. Nous y verrons aussi la méthode d’analyse des données recueillies.
• La troisième partie exposera les résultats de l’analyse des dix-neuf entretiens.
• Enfin, nous verrons en quatrième et dernière partie comment cette recherche peut répondre à la problématique de ce sujet. Elle exposera les limites et ouvertures du sujet traité.








Brice Thibault
Etude expérimentale sur l'attention
Nantes, janvier 2012

Introduction

Le concept de « paramètres de palpation » a été développé par l'ostéopathe Pierre Tricot. Il a mis en exergue un manque important dans la pédagogie de l'ostéopathie, qui s'applique souvent à définir plus le « quoi sentir ? » et moins le « comment sentir ? » (Tricot, 2002, p. 18).
Il ne s'agit pas de remettre en cause l'importance des matières d'anatomie, de biomécanique, de physiologie et du développement technique des pratiques ostéopathiques indispensables à l'apprentissage de l'élève mais non suffisantes.
En effet, la maîtrise de l'ostéopathie ne découle pas uniquement du bagage théorique et technique du praticien, mais aussi en partie, de son aptitude à percevoir des informations émanant des tissus du patient.

Pour atteindre cet état de réceptivité, Tricot a développé une pédagogie de la palpation définissant des paramètres subjectifs et objectifs. Les paramètres subjectifs « Relatif au sujet, au "je". Qui ne correspond pas à un objet extérieur, apparent. » (p. 309) sont la présence, l'attention, l'intention. Les paramètres objectifs « Qui concerne l'objet, et existe indépendamment de la pensée » (p. 306) sont la densité, la tension et la vitesse.

Cette pédagogie cohérente amène à une prise de conscience des mécanismes de la perception. Cependant, elle bouleverse aussi les modes opératoires classiques de l'apprentissage de l'ostéopathie (Tricot, 2002, p. 65).

C'est la problématique de cette recherche : « Comment transmettre le concept d'attention dans la progression pédagogique de l'élève ? »
Une définition de l'attention, dans le cadre de ce travail, est la capacité mentale permettant de discriminer de l'information sensorielle. Cette aptitude permet de se focaliser dans un espace donné afin d'y favoriser l'intégration des informations qui y sont émises.

Une variation de la projection de l'attention implique donc une modification du ressenti palpatoire. Cela dit : Comment justifier, de façon théorique et conceptuelle, cette aptitude auprès des élèves ? Quelle méthodologie pédagogique mettre en place pour qu'ils l'expérimentent ?
Est-ce que l'apprentissage de cette notion est une aide pour l'amélioration de la perception de l'élève ?

Ce mémoire a donc pour objectifs de répondre à ces questions en définissant le concept d'attention, dans les champs de la pratique ostéopathique, de la psychophysiologie, de la biomécanique, de la phénoménologie, de la psychologie et de la neuroscience. Le développement s'organise d'après une suite de questions correspondant à l'apprentissage de la notion d'attention.

Ensuite, une méthode d'enseignement de ce concept sera évaluée, afin de discuter de sa pertinence.
Il s'agit de contribuer à la reconnaissance de cette pédagogie dans l'enseignement de l'ostéopathie afin de permettre aux élèves de comprendre et de parvenir à une palpation fiable.

Résumé
L'attention est un concept inné et familier dans certains modes de sensorialité (vue, audition). Il permet de discriminer l'information perçue par une délimitation spatiale. Cette faculté est moins développée dans la modalité tactile. Pourtant cette notion est un paramètre de palpation essentiel pour garantir une perception fiable. Ce mémoire s'articule donc autour de la problématique : « Comment transmettre le concept d'attention dans la progression pédagogique de l'élève ? ». Il a pour objectif de définir la faculté d'attention, dans les champs de la pratique ostéopathique, de la psychophysiologie, de la biomécanique, de la phénoménologie, de la psychologie et de la neuroscience. Ensuite, une méthode expérimentale d'enseignement de ce concept est évaluée. Les résultats permettent de conclure à la validité et la fiabilité de l'outil pédagogique, et mettent en exergue la pertinence accordée par les élèves à cet apprentissage.








Renaud de Pommereau
La philosophie ostéopathique. Fondement indispensable de notre pratique, de 1874 à nos jours
IDHE, juin 2012


Buts / Objectifs: L’objectif de ce mémoire est de montrer l’importance que le fondateur de l’ostéopathie, A.T. Still, accordait à la philosophie ostéopathique. Cette étude permettra de nous rapprocher du message originel de Still, offrant l’occasion de mieux l’intégrer et ainsi d’y rester fidèle.

Méthode: La rédaction de ce mémoire a pu être réalisé grâce à une recherche bibliographique approfondie. De nombreux articles, ouvrages, thèses et sites ont été sélectionnés pour la pertinence de leurs auteurs. J’ai favorisé ceux, connus et reconnus dans notre profession, pour être proches de la philosophie ostéopathique. Les citations d’A.T. Still ont bien évidemment été principalement retenues.

Résultats: C’est à travers les principes d’A.T. Still, ses définitions, ses conseils et ses exigences que la philosophie ostéopathique se présente comme un repère incontournable dans la vie de l’ostéopathe. S’unir autour d’elle représente de nombreux avantages : d’une part, de maintenir une base commune et stable pour notre profession, d’autre part de jouir, à titre individuel et collectif, d’une cohérence thérapeutique, et enfin d’offrir à l’ostéopathie un avenir tourné vers le progrès.

Conclusion: La valeur, l’authenticité ainsi que la pertinence de l’ostéopathie reposent sur sa philosophie pratique. Chaque action thérapeutique doit entrer en cohérence avec la notion de « globalité », « de structure et de fonction », « de cause et d’effet », « de mobilité inhérente au corps », « de santé », permettant à l’organisme de retrouver, suite au traitement, son homéostasie.
L’investissement des ostéopathes dans l’enseignement, dans la recherche scientifique, dans la thérapeutique... doit constituer le principal vecteur dans la transmission de cet état d’être et de penser.
L’avenir de l’ostéopathie en dépend.









Anthony Mougel
Marseille, juin 2011


Introduction

Comment parler d'ostéopathie sans parler au préalable d'Andrew Taylor Still ? Nous avons tous aux lèvres une réponse évidente que nous voulons exprimer haut et fort : « Impossible ! »

Mais la vrai question est : « Que savons-nous réellement de Still ? » A cette question, nous pourrions malheureusement répondre : « Le strict minimum, et encore... ».

Nous connaissons son nom, Andrew Taylor Still. Pour certains quelques dates comme le 6 août 1828, le 22 juin 1874, ou encore le 12 décembre 1917 (pour ceux qui ne savent pas à quoi elles correspondent, nous leurs demanderons d'être d'autant plus attentifs à ce qui suit).
Bien entendu nous connaissons tous des petites anecdotes comme le mal de tête du jeune Andrew, les tombes indiennes, ou encore l'enfant atteint de dysenterie. Tout le monde connaît la loi de l'artère ou la chimérique dysfonction primaire.

Mais que connaissons-nous réellement de son œuvre ? Combien peuvent prétendre démêler le faux du vrai, les « on dit » ? Quel était son véritable enseignement ? Combien seraient capables de citer ses influences ? Nous ne parlons que très peu, voire pas du tout de cela.
Pourquoi ? Selon Pierre Tricot, traducteur français d'une grande partie de l'œuvre de Still, celui qui autre fois fut notre fondateur, notre mentor, est aujourd'hui « un ancêtre inconnu et ... encombrant.»  

Inconnu, car lui et son œuvre sont loin d'être la priorité d'un grand nombre d'ostéopathes et encore moins des étudiants. « Aujourd'hui lorsqu'en stage ou lors de séminaires post-gradués en collège, je demande à des étudiants de fin de cycle de formation ‘Qui a lu Autobiographie ?
Qui a lu Philosophie de l'ostéopathie ?’, je suis atterré de voir le peu de mains qui se lèvent, lorsqu'il s'en lève...

Les jeunes ostéopathes ou futurs ostéopathes ne connaissent quasiment pas Still, ni son histoire, ni celle de l'ostéopathie.»

Certains contrediront cet argument, en disant que Still est connu par le biais de cours spécifiques d'histoire et de philosophie ostéopathiques au sein des collèges. Mais disons simplement que pour ceux ayant eu la chance d'avoir de tels cours, qu'il est évident que toutes les subtilités et la complexité de notre philosophie, ne peuvent toutes être abordées de manière approfondie. Il en résulte que l'on ne peut réellement percevoir Still et sa philosophie, qu'en s'impliquant personnellement. Cependant, rares sont ceux qui entreprendrons cette étude. Peut-être que les étudiants pensent qu'ils « savent » tout ce qu'il y a à savoir. De plus, pourquoi la jeune génération qui « sait », irait s'intéresser à un dinosaure, qui de plus, nous parle sans cesse d'un Dieu hypothétique, n'intéressant que très peu de monde ?

Voilà un des aspects encombrants de Still. Dieu, Divin, Univers, Nature toute puissante, sont des termes auxquels il faudra savoir s'habituer pour entreprendre l'étude de son œuvre, qui n'est pas forcement évidente. Notre ostéopathie dite « scientifique » n'a que faire de telles impostures. Aujourd'hui, science et spiritualité sont en opposition absolue, et c'est notre désir de reconnaissance scientifique qui nous pousse à ignorer Still et à le placer au rang de fondateur, dans la forme tout en en rejetant le fond.
C'est donc un éloignement de l'ostéopathie par rapport à ses racines qui serait en train de se produire. Est-ce à tort ou à raison ? Qu'est-ce qu'Andrew Still pourrait-il bien encore nous apporter à l'heure actuelle ? A la vue de tous ces éléments une question raisonne dans notre esprit : « L'étude de l'œuvre stillienne est-elle une nécessité ? »

Personne n'est obligé de croire, ni Pierre Tricot, ni ce que nous avançons. C'est pour cela que nous avons créé un questionnaire très rapide et précis visant à savoir qui s'intéresse ou non à Still. Ce questionnaire a été distribué aux étudiants (de toutes promotions) du Collège Ostéopathique de Provence et mis à la disposition des ostéopathes membres du ROF (ayant une adresse e-mail) et du SFDO (sur le forum internet). Pour ce qui est des étudiants nous avons récolté 245 participations, ce qui permet de nous faire bonne idée de l'ampleur des dégâts, tandis que nous n'avons reçu que 64 réponses d'ostéopathes professionnels. Nous avons tout de même décidé d'utiliser ces réponses car elles nous montrent une évolution nette de l'intérêt que la profession porte à Still.
Relevons également le fait que, concernant les étudiants, les résultats ne correspondent qu'à un seul collège français. Nous sommes donc en droit de nous demander si les tendances observées sont propres aux étudiants ostéopathes français ou aux étudiants du COP.

Les questions posées

Comme nous venons de le dire, pour avoir un maximum de réponses, nous avons fait en sorte que le questionnaire soit simple et rapide à remplir. Pour commencer nous demandons à la personne sondée si elle est étudiante ou ostéopathe, puis son niveau d'étude ou l'année d'obtention du diplôme, en fonction de la réponse précédente.

Une fois cela rempli, il ne reste plus qu'à cette personne de cocher parmi les quatre livres de Still, le ou lesquels elle a déjà entièrement lus. Pour finir, dire si cette lecture lui a été utile ou non sur l'aspect pratique.

En conclusion, commençons par rappeler que les résultats obtenus auprès des étudiants ostéopathes concernent une population appartenant à un même collège d'enseignement.

Bien que le Collège Ostéopathique de Provence soit largement reconnu pour sa qualité d'enseignement, le lecteur est en droit de se demander si les observations faites sont propres à l'établissement ou sont une tendance nationale. Pour essayer de palier ce problème nous avons abordé d'autres collèges, mais aucun d'entre eux n'a répondu à notre demande.

L'étude de ces résultats permet d'envisager une première hypothèse. Celle-ci étant qu'avec le temps les étudiants et surtout les ostéopathes vont voir grandir leur intérêt pour notre fondateur. La majorité d'entre eux, lui accordant un impact sur leur vision ostéopathique et donc leur pratique.

Malgré tout, encore trop peu d'étudiants ne perçoivent pas l'importance de leurs racines, et les mettent tout simplement de côté, soit par manque de motivation, déni ou tout simplement par oubli.

Encore une fois, en ce qui concerne les ostéopathes, beaucoup d'entre-nous négligeons notre histoire et notre philosophie. Bien qu'avec le temps cette tendance diminue, il en reste tout de même certains, et de très expérimentés, qui ne se sont jamais partis à la recherche de leur ainé. Le sondage permet de voir que la quasi-totalité de ceux qui ont poussé l'étude ont trouvé en Still une source bénéfique pour leur pratique, et cette source étant accessible à tous, il serait dommage de ne pas nous y abreuver afin d'en ressortir meilleur, tant sur le plan humain que pratique.

Mais devant tous ces chiffres, une question reste en suspens. Nous avons analysé les résultats de façon optimiste, c'est-à-dire que nous sommes allés dans le sens où, plus un ostéopathe avance sur son chemin, plus il aura le besoin de retourner à la source. Mais deux éléments importants sont à relever : la motivation et le contexte.

En effet, devenir ostéopathe de nos jours ou il y a 10 ans et à fortiori il y a 20 voir 30 ans n'avait pas du tout la même signification. L'engagement était loin d'être le même, les difficultés rencontrées incomparables. La philosophie et les valeurs ostéopathiques, les convictions de ces femmes et de ces hommes étaient tout comme pour notre fondateur des facteurs de persévérance. Ils se raccrochaient à leurs racines plus volontiers que la jeune génération, et à ce titre nous pouvons nous demander si ces jeunes qui n'ont toujours pas lu Still s'y intéresseront un jour ?

Une autre question se pose : Qu'est ce qui à poussé les étudiants et ostéopathes à la lecture ? Un sentiment de curiosité, de nécessité, une passion naissante, etc. ? Cette question sera largement traitée dans la partie VI, Un retour aux sources.

Avant d'exposer à la lumière les arguments qui pourront nous pousser à lire les œuvres fondatrices, nous devons impérativement renouer avec Still, son contexte, son histoire et ses enseignements. Condition sine qua non, pour espérer comprendre l'utilité d'une telle tâche.

Résumé

Alors que l'ostéopathie n'est âgée que de 137 ans, on observerait une tendance de ses praticiens et notamment de la jeune génération à s'éloigner progressivement de leurs racines et plus précisément du maître fondateur, Andrew Taylor Still. Mais à l'heure actuelle où la recherche et les études scientifiques sont mises au devant de la scène au sein même de notre discipline, l'étude de l'œuvre stillienne datant d'une autre époque, reste-t-elle une nécessité pour celui ou celle qui désire être ostéopathe ? Afin de répondre à cette question, il sera en premier lieu indispensable de replacer Still et l'ostéopathie dans leur contexte, c'est-à-dire aux Etats Unis du XIXe siècle. Connaître comment s'est développée cette philosophie, cet art et cette science, quelles furent les influences d'Andrew Still, est tout aussi primordiale. C'est ensuite avec minutie et patience qu'il faudra lire et relire les enseignements du vieux docteur afin d'en apercevoir la richesse. Une fois cela fait, il nous paraitra évident que malgré les découvertes scientifiques les plus récentes, malgré la distance qui nous sépare d'une époque et d'un lieu tel que le Wild West américain, les enseignements stilliens sont toujours d'actualité et d'une importance capitale. C'est avant tout une philosophie que le vieux docteur s'efforça de nous transmettre, celle de la loi de l'Esprit, de la matière et du mouvement. Inspirons nous de cet héritage, véritable source de l'ostéopathie.



Retour en haut de cette page                                                                                                          Retour à l'accueil
















Glossaire Mentions légales Politique de confidentialité Plan du site Webmaster